Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka est arrêté par deux policiers français devant la brasserie Lipp, à Paris, avant de disparaître. Cinquante ans après, on ne sait toujours pas comment est mort l'opposant marocain, dont le corps n'a jamais été retrouvé. L'opération, à laquelle ont pris part les services secrets du royaume, hante les relations entre Paris et Rabat. Ce documentaire passionnant écrit par Joseph Tual et réalisé par Olivier Boucreux, revient sur cette affaire que de Gaulle avait qualifié de «vulgaire» et Hollande de «scandale d'Etat». Alors qu'une instruction est toujours ouverte en France, les journalistes explorent des pistes niées par la justice marocaine, comme celle de cette ancienne prison secrète construite dans un quartier chic de Rabat et que Tual est le premier à avoir filmé. C'est là, selon lui, que la tête de Ben Barka aurait été enterrée après avoir été présentée au roi Hassan II. Depuis, le régime a planté sur ces ruines des rangées d'orangers. Mais comme le montrent les images aériennes exhumées par les journalistes, les arbres n'ont pas poussé de façon uniforme. Des irrégularités probablement dues à la présence dans le sol de la chaux vive, qui servait à dissoudre les corps des opposants. Comme si, en voulant masquer la vérité, le pouvoir marocain en avait révélé les contours obscurs.
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