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Libération
Éditorial

Isabelle Gorce «Il faut changer l’image des surveillants pénitentiaires»

Isabelle Gorce directrice de l’administration pénitentiaire
publié le 1er octobre 2015 à 22h06

«Fier de servir la justice.» Sur l'affiche publicitaire, un jeune homme, regard clair, sourire serein, appelle aux vocations de surveillants pénitentiaires. Ce mannequin finement barbu est un acteur, embauché pour la grande campagne de recrutement lancée aujourd'hui (premiers spots télés dimanche). Sous l'affiche, en revanche, se tient un véritable surveillant, David, 43 ans, officier formateur. Sur le stand du salon Paris pour l'emploi (jusqu'à samedi soir, place de la Concorde), David s'est donné pour mission de «casser les préjugés» sur la prison. L'objectif de la campagne est de «recruter 1 500 surveillants et 200 conseillers d'insertion et de probation en 2016», dit Isabelle Gorce, la directrice de l'administration pénitentiaire, présente sur le salon. Outre les départs à combler, le mouvement englobe des créations de postes : 483 en 2015-2016 d'après Isabelle Gorce, qui insiste elle aussi sur la nécessité de «changer l'image» de la profession. «Avec une campagne sur la fierté, on veut tordre le cou aux caricatures. Surveillant pénitentiaire est un métier qui nécessite de grandes qualités humaines. En prison, si la parole ne circule pas, l'établissement est en danger. Et cette parole, ce sont les surveillants qui la recueillent, la canalisent…»

Aux aspirants surveillants qui s'arrêtent, David tient aussi un discours plus concret : «Tous les deux ans, le salaire est revalorisé, j'ai commencé à 1 400 [euros], je suis à 2 000», explique-t-il. Face à lui, un jeune adjoint de sécurité tenté par la reconversion lui demande «s'il y a des motards» dans la pénitentiaire. «Des motards, non. Mais vous pouvez être prof de sport, prof de tir, chauffeur, il y a une palette de métiers énorme.» David en est convaincu : sa vie aurait été «morne» sans la prison. «J'étais employé de banque, toute la journée assis à ouvrir des comptes, j'avais l'impression de faner sur place. Aujourd'hui, au lieu de gérer des comptes, je gère de l'humain, c'est quand même beaucoup plus intéressant.»