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Libération

La trop lente montée des alternatives aux fossiles

Triste constat : éolien, solaire, hydraulique ou géothermie peinent à remplacer le pétrole, le gaz ou le charbon.
publié le 2 octobre 2015 à 18h16

L’innovation technologique peut-elle diminuer drastiquement le recours aux énergies fossiles - charbon, pétrole et gaz - tout en assurant la consommation d’énergie indispensable à l’économie et à la réalisation d’objectifs sociaux et de bien-être. Relever ce défi est nécessaire, et se mesure ainsi : les énergies fossiles constituent 85% des 13 milliards de tonnes équivalent pétrole consommées en 2014… contre deux milliards seulement en 1950.

Mais pourquoi les énergies peu émettrices de gaz à effet de serre - vents, soleil, marées, chutes et cours d’eau, géothermie, nucléaire, biomasse - sont-elles si lentes à se substituer aux énergies fossiles auxquelles, juqu’à présent elles n’ont fait souvent que s’ajouter ? C’est que leurs vertus sont contrebalancées par des handicaps encore trop forts.

Le pétrole vert ? La concurrence avec les productions alimentaires a réduit les prétentions de l'agrobusiness. L'usage massif du bois pour l'énergie (chauffage ou centrale électrique) n'est durable que si la consommation ne dépasse pas la production végétale. La valorisation des déchets agricoles et forestiers ou des micro-algues suppose de nouveaux progrès dans leur transformation par des micro-organismes ou par des procédés thermiques pour un déploiement à large échelle.

L'hydraulique ? Le potentiel hydroélectrique mondial est estimé à près de 15 000 TWh/an, contre une production actuelle de 3 250 TWh/an par 8 200 grands barrages. Et l'Afrique utilise moins de 8% de son potentiel. Mais cette ressource exige la mobilisation de capitaux importants pour la construction. Et les impacts écologiques ne sont pas mineurs. Emissions de gaz à effet de serre sous les tropiques et cours naturels des rivières profondément transformés, tant pour le transport des matières provenant de l'érosion que pour la faune.

Eolien et solaire pour l'électricité ? Leur place croît très vite, avec des coûts décroissants, mais leur intermittence suppose des moyens de stockage massif de l'électricité qui font encore défaut. Dans les systèmes électriquesces énergies doivent donc être couplées avec d'autres moyens de productions pilotables. Energie des marées, des vagues et des courants sous-marins, voire l'énergie thermique issue de la différence de température entre eaux de surface et profondes ? L'heure est aux expérimentations, pas aux chantiers grandioses.

Géothermie pour la chaleur ou l'électricité ? Si le potentiel est immense en théorie, les réalisations sont lentes, et se heurtent à des difficultés techniques. Cette technologie ne produit que 0,5% de l'électricité mondiale.

La fission nucléaire ? Sur les 438 réacteurs en fonctionnement aujourd'hui, au moins 200 seront à la retraite d'ici 2040. Le scénario de l'Agence internationale de l'énergie augmente la puissance installée de 60% à cette date, mais cela ne constituerait que 12% de l'électricité produite.

Des ruptures technologiques imprévisibles pourraient certes changer la donne. Mais, pour l’instant, aucun miracle n’autorise le rêve d’une énergie non carbonée disponible à gogo.