Foin des faux semblants ! Retraité de la vie politique, Philippe de Villiers non seulement se lâche mais surtout s’assume en conservateur, souverainiste, attaché à l’Histoire et à une conception de la France à l’ancienne. Plus que jamais libre de dire ce qu’il pense, Villiers ne s’en prive pas dans son dernier ouvrage, intitulé Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, à la fois livre de souvenirs des hommes cotoyés durant son parcours politique mais aussi réfléxion sur l’état du pays. Et celui qui a présidé aux destinées du conseil général de Vendée pendant vingt-deux ans, député de ce département pendant treize ans et surtout hérault en 2005 de la bataille contre le projet de constitution européenne ne mâche pas ses mots.
Ancien élève de l’ENA, qu’il rebaptise «Ecole Nationale de l’Arrogance», Villiers vitupère contre l’ensemble des dirigeants politiques, qu’il accuse d’avoir bradé la France, de l’avoir menée à la ruine. Pour le créateur du «Puy du Fou», ce spectacle à grand succès, la classe politique «a déclassé la France, elle l’a précipitée dans une impasse alors qu’elle avait mandat de la rétablir en sa grandeur». Aucun politique ne trouve ainsi grâce à ses yeux. Pas même Jacques Chirac dont il a été secrétaire d’Etat à la Culture de 1986 à 1987. «En réalité, comme il n’a jamais cru aux idées, Chirac n’a jamais eu de certitudes. Il ne sait quoi penser. Il a besoin d’un appui-tête», écrit Philippe de Villiers, qui raconte l’anecdote suivante: un jour, lors d’un grand dîner à l’Elysée sous la présidence de François Mitterrand, chacun est invité à dire, au nom de son pays, sa date favorite en Europe. Margaret Thatcher puis Helmut Kohl et enfin François Mitterrand se livrent à l’exercice. «Et vous, Monsieur le Premier ministre ?», demande alors le locataire de l’Elysée à son Premier ministre. Celui-ci prend l’air inspiré et lui répond «1664... Kronenbourg» en levant sa pinte. De Giscard, qu’il taxe de «colin froid», il fait le grand architecte du «rêve postnational», un chef de l’Etat n’ayant «qu’une idée : l’intégration de notre pays dans une Europe fédérale, libérale et atlantiste».
Avec François Hollande, le souverainiste possède un lien commun et inattendu. Dans les années 60, Jacques de Villiers, officier de carrière et père de l’auteur est emprisonné à Rouen pour sa proximité avec les réseaux de l’OAS. Un homme, un médecin connu pour ses sympathies pro-Algérie française, anime alors un réseau d’entraide en faveurs de ces embastillés. Il s’agissait de Georges Hollande, le père de l’actuel président de la République. «Ce lien de l’histoire - la petite dans la grande - était sans doute effacé depuis longtemps dans la mémoire du président de la République lorsqu’il décida de nommer mon frère Pierre chef d’état-major des armées», poursuit Philippe de Villiers.
Mais surtout, au fil des pages, l’ancien leader souverainiste revient sur tous ses combats contre l’Europe de Maastricht d’abord, mais aussi contre les pesticides fabriqués par les grands groupes qui déciment les abeilles. Toujours au nom d’une certaine idée de la France. Quitte à passer pour un Don Quichotte chouan qui chargerait les derniers moulins du bocage vendéen.