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Libération

Policier blessé : Taubira forcée à réagir

publié le 6 octobre 2015 à 19h26

Elle a lâché le mot, quitte à attiser encore la polémique. «J'examinerai s'il y a lieu de modifier la législation», a promis la ministre de la Justice, Christiane Taubira, dans un communiqué, mardi.

Un peu après, dans les couloirs de l'Assemblée, elle est allée plus loin : «J'ai commandé un examen précis» des textes de loi «pour savoir s'il y a lieu de les modifier de façon à permettre par exemple d'imposer systématiquement une escorte pour certains détenus». Escorter les permissions de sortie : une hypothèse aux accents irréalistes qui en dit long sur l'emballement.

Le braqueur qui a tiré sur le policier et a été tué dans la fusillade, lundi, s’était évadé de la prison de Réau (Seine-et-Marne). Le 27 mai, il n’avait pas réintégré le centre de détention après une permission de sortie obtenue pour régler la succession de son père.

Le 28 mai, une fiche «S», pour sûreté de l'Etat, avait été émise le concernant. Elle comportait deux mentions. L'une sur sa radicalisation en prison. L'autre sur sa dangerosité potentielle, et sur son profil de multirécidiviste: 28 condamnations. Dès la médiatisation de ces antécédents, syndicats de policiers et politiques de droite ont réclamé «des comptes». Mais une modification législative supplémentaire pourrait-elle vraiment assurer aux permissions de sortie un risque zéro auquel semblent aspirer les polémistes ? «Décréter : à partir de quinze condamnations, c'est mathématique, on ne sort plus, ça n'a pas de sens, explique Laurence Blisson, juge d'application des peines à Bobigny et membre du Syndicat de la magistrature. C'est au contraire pour les multirécidivistes qu'il faut particulièrement préparer la sortie de prison, notamment par des permissions. Quant à la fiche «S», «c'est une suspicion administrative qui peut concerner des militants antinucléaires, des zadistes, et n'a rien à voir avec l'évaluation d'un risque d'évasion.»