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«Race blanche», «racines chrétiennes» : la colère de Juppé contre ses camarades

Visiblement énervé par la droitisation du discours au sein de son parti, le candidat à la primaire LR publie sur son blog un billet qui tire tous azimuts.
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, le 4 juillet à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine. (Photo Joël Saget. AFP)
publié le 11 octobre 2015 à 12h32

Et bim ! AL1 JUP (Alain Juppé de son vrai nom) a posé son flow sur son blog samedi soir, et ça fait mal. Dans un billet intitulé «Faisons-nous confiance», le candidat à la primaire du parti Les Républicains s'en prend à toutes celles et ceux qui embarquent son parti vers la droite, mais aussi, plus généralement, qui conduisent à l'«abaissement du débat public».

Dès la première phrase, Juppé justifie son geste : «Piquer une bonne colère est parfois salutaire.» On se croirait en 2007, lors du débat opposant Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy pour le second tour de l'élection présidentielle, quand la première déclarait qu'«il y a des colères qui sont parfaitement saines».

D'ailleurs, huit ans plus tard, c'est encore à Nicolas Sarkozy que s'adresse implicitement la colère du maire de Bordeaux, condensée en une suite de phrases commençant par «contre». Certes, il s'en prend d'abord (sans la citer) à Nathalie Kosciusko-Morizet, avec une référence à «la recherche du gros mot qui fera la une des médias» (elle a qualifié les climatosceptiques de «connards»). Puis il se prononce contre «les partis qui jouent sur les peurs des Français et dessinent le visage d'une France ratatinée dans ses égoïsmes, frileuse devant le monde global, barricadée dans d'illusoires frontières nationales, prête à jeter aux orties l'union construite si patiemment avec nos voisins européens» – on imagine qu'il pense autant au Front national qu'aux partis de la gauche radicale.

Cela dit, il passe enfin au gros du morceau, en dénonçant d'abord «la sottise qui inspire la caricature d'une France de race blanche» : évidemment, c'est pour Nadine Morano. Mais la réponse de Nicolas Sarkozy à l'ancienne tête de liste des régionales en Meurthe-et-Moselle ne semble pas le satisfaire davantage. Le président du parti, qui ripoline son image en dénonçant à qui mieux mieux la sortie de Morano, en a profité, jeudi à Béziers, pour souligner – comme il le fait presque systématiquement – que la France a tout de même «des racines chrétiennes». «Certes», répond Alain Juppé… avant de s'en prendre à «l'arrogance des bien-pensants qui se réclament bruyamment des racines chrétiennes de la France sans y être vraiment fidèles». Et de conclure : «On se calme.»

Voilà de quoi exciter un peu plus encore des militants LR déjà échaudés par un entrefilet paru dans le Point selon lequel Juppé élu président de la République contre Le Pen s'allierait avec les socialistes.