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Happy hour politique

Comment Védrine fabrique du consensus au centre pour 2017

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Hubert Védrine en décembre 2013. (Photo Eric Piermont. AFP)
publié le 12 octobre 2015 à 18h27

Tous les soirs, coulisses, brèves, choses vues et entendues par les journalistes de Libération, et pas lues ailleurs.

Hubert Védrine, artisan discret de la réforme post-2017

Dans le plus grand secret, l’ancien ministre des Affaires étrangère de Jospin, Hubert Védrine, réunit depuis plusieurs mois de manière informelle, plusieurs dizaines de personnalités, experts et parlementaires, d’obédiences politiques différentes. Objectif de ces brainstormings transpartisans: dégager des consensus sur des réformes (l’écologisation, l’asile ou les flux migratoires…), où l’affrontement entre centre gauche et centre droit relève de la posture. Une démarche entamée après la publication de son essai,

la France au défi

(sorti chez Fayard en avril 2014), où Védrine s’exaspérait de l’incapacité de la France à mettre en oeuvre les réformes indispensables pour éviter la relégation dans un environnement mondialisé. Quel débouché politique pour cette démarche?

«Ni une union nationale, ni une coalition à l’allemande, ni une cohabitation à la Française où l’affrontement droite gauche se retrouve entre l’Elysée et Matignon»,

concède Védrine.

«Cette coalition de la réforme ne peut avoir une utilité que dans une configuration historique particulière: le cas où le Président élu en 2017 aurait une majorité incertaine…»

Un homme de gauche pour contrôler la primaire de la droite ?

Olivier Duhamel, ex-eurodéputé PS, nouveau membre de la Haute autorité chargée de contrôler le déroulement de la primaire de la droite et du centre ? L’hypothèse a été envisagée, avant d’être assez rapidement écartée. Le comité d’organisation de cette primaire, animé par le député LR Thierry Solère doit proposer mardi les noms de deux personnalités supplémentaires pour compléter cette autorité indépendante. Trois membres ont déjà été désignés: la présidente Anne Levade, professeur de droit constitutionnel, Pierre Steinmetz, ancien membre du Conseil constitutionnel, Jean-Claude Magendie, ancien premier président de la cour d’appel de Paris.

Projet de loi «Egalité, citoyenneté, émancipation» avant Noël ?

Eté 2015, Manuel Valls est à La Rochelle pour l'université d'été du PS. Lors du discours de clôture, il annonce un projet de loi «Egalité et discrimination». François Hollande confirme lors sa conférence de presse de rentrée. Depuis, des députés socialistes se sont réunis pour des réunions de travail. Parmi eux, Bruno Le Roux et Jean-Jacques Urvoas. Le 6 octobre, ils envoient une note à Matignon. Parmi les propositions, faire du 11 janvier la journée de la fraternité. Et attribuer à chaque enfant le livret de la laïcité lors de son passage au CM1. Selon un député, «l'idée de l'exécutif est de présenter le texte Égalité, citoyenneté émancipation en commission avant Noël».

Macron, persona non grata dans les meetings PS

Les sorties à répétition du ministre de l’Economie sur les 35 heures, le code du Travail ou le conflit à Air France le rendent hautement indésirables à deux mois des régionales. Du coup,

«on ne le verra pas dans les meetings cet automne»,

pronostique un député PS avant d’ajouter:

«Sauf, bien sûr, à Lyon»,

fief de Gérard Collomb, l’un des rares sociaux-libéraux assumés de la majorité.

Cazeneuve, séquence cultes

Fils d’instituteur laïque, le ministre de l’Intérieur a visiblement un tempérament de prédicateur.

«Il aime faire le pasteur protestant»,

dit-on dans son entourage. En tout cas, il affectionne de cotôyer les responsables religieux. En se rendant à Lyon lundi pour remettre des diplômes universitaires (Religions, libertés religieuses et laïcité), Bernard Cazeneuve a clos une dense séquence «cultes», entamée début septembre avec la célébration du Yom Kipour avec la communauté juive. Le ministre avait enchaîné avec l’inauguration de la nouvelle cathédrale de Créteil et une intervention aux Assises du christianisme, début octobre à Strasbourg. A Lyon, il avait aussi promis depuis longtemps une visite à Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée. C’est fait. Depuis le début de l’année, Cazeneuve a visité une bonne dizaine de mosquées. Un changement de culture et d’attitude par rapport à son prédécesseur, Manuel Valls, plutôt distant avec les autorités.