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Libération

Le monde marin victime du réchauffement

publié le 13 octobre 2015 à 19h46

Les émissions de gaz à effet de serre menacent d'«effondrement» les espèces marines ainsi que la chaîne alimentaire, estiment des chercheurs australiens dont les travaux sont publiés lundi par l'Académie américaine des sciences. Dans leur analyse, la première du genre qui étudie au niveau mondial l'effet du climat sur l'univers marin, des scientifiques en écologie marine de l'université d'Adélaïde ont passé en revue 632 études. Les résultats de cette «méta-analyse» révèlent que l'acidification et le réchauffement climatique vont gravement réduire la diversité et le nombre de plusieurs espèces. «On ne s'attendait pas à un tel impact», reconnaît Ivan Nagelkerken, co-auteur de l'étude.

Jusqu'à présent, les études s'étaient efforcées de travailler sur des aspects spécifiques, pas globaux : sur des facteurs de stress, des écosystèmes ou des espèces. «Pris isolément, les impacts, comme l'acidification globale ou le réchauffement, peuvent parfois n'avoir aucun effet ou des effets négatifs sur certaines espèces, ajoute Ivan Nagelkerken. Mais quand on combine ces deux facteurs, les conséquences sont dramatiques.» On savait déjà que nos océans étaient sur le point de connaître l'un des plus grand bouleversements depuis des millions d'années. En juin, une enquête publiée par Nature climate change rappelait que si le monde ne parvient pas à limiter la hausse des températures de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, les mers pourraient perdre entre 10 % et 12 % des espèces marines.

Au-delà de l'écosystème, cette tendance menacerait la sécurité alimentaire. «Il va y avoir un effondrement des espèces en cascade dans la chaîne alimentaire», prévoit Ivan Nagelkerken. Les huîtres, moules et autres coraux devraient être frappés par le réchauffement. Et avec eux, «les populations côtières et celles qui comptent sur les océans pour se nourrir ou faire du commerce», estiment les auteurs de l'université d'Adélaïde. Peu d'organismes marins seront capables de s'adapter à ces conditions, à l'exception notable de certains micro-organismes qui devraient se multiplier et se diversifier.