La CGT va-t-elle changer d'avis ? Après avoir confirmé sa présence à la conférence sociale organisée lundi 19 octobre par le gouvernement, la centrale de Montreuil pourrait finalement renoncer à ce rendez-vous. Une nouvelle réunion de sa direction doit rendre sa décision ce mercredi soir.
Mardi matin encore, pourtant, le service de presse, de façon très officielle, affirmait à Libération que la décision était prise : oui, la CGT ira bien à la conférence. Le 6 octobre, une commission exécutive (CE, direction élargie de 50 membres) avait même déjà voté, de façon positive, sur la question. Mais l'après-midi, patatras : au cours d'un point presse sur les 32 heures, le secrétaire général de l'organisation, Philippe Martinez, annonce la tenue d'une commission exécutive extraordinaire pour le lendemain soir à Limoges, où l'ensemble des cadres se retrouvent à l'occasion des 120 ans de la CGT. Avec, à nouveau à l'ordre du jour, la question de leur participation à la conférence. «On a déjà dit oui il y a une semaine, on s'est même mis d'accord sur les personnes qui composeraient les délégations aux tables rondes, explique un membre de la CE. Or, ce soir, la même instance est reconvoquée, pour se prononcer sur le même sujet. Ce n'est pas, a prori, pour confirmer la décision du 6 octobre, mais plutôt pour l'infirmer.»
«Position médiane»
La CGT s'apprête-t-elle donc à boycotter la conférence sociale ? «Ce sera tranché ce soir, confirme un responsable de fédération. Mais entre tout ou rien, il pourrait y avoir une position médiane, comme l'année dernière, avec une présence de Martinez au discours de Hollande. Mais ensuite tout le monde part, et les délégations ne se vont pas aux tables rondes prévues l'après-midi.»
Mais que s'est-t-il passé pour que la direction de l'organisation s'apprête à éventuellement changer d'avis ? «Il y a eu l'épisode Air France, décrypte un cadre de Montreuil. La base militante est remontée et l'a fait savoir à la direction, en envoyant des mails et en passant des coups de fils. Ils n'ont pas apprécié la façon dont le gouvernement a condamné les actes des salariés.» «C'est clair que l'état d'esprit des militants se raidit, et notamment avec l'affaire Air France, abonde un autre responsable confédéral. Et puis on ne se fait plus beaucoup d'illusions sur ce gouvernement qui, disons-le, est totalement à l'ouest.» Autre facteur, enfin : l'annonce par Solidaires (syndicats Sud), mardi, de son refus de participer à la conférence sociale. Avec le risque, pour la CGT, de se faire dépasser sur sa gauche