S'il a renoncé à concurrencer le FN sur le plan électoral, Jean-Marie Le Pen n'a pas déserté le terrain judiciaire. L'ex-président du Front national a assigné mercedi le parti devant le tribunal de grande instance de Nanterre pour demander sa réintégration. Jean-Marie Le Pen a été exclu du mouvement le 20 août en raison de divers actes et déclarations peu appréciés par la direction frontiste – notamment une énième assimilation des chambres à gaz à un «point de détail» de la Seconde Guerre mondiale ou un plaidoyer pour le maréchal Pétain. Longue de 65 pages, l'assignation a été consultée par l'Opinion.
L'avocat de Jean-Marie Le Pen, Frédéric Joachim, y demande à la justice « de dire que le Front national a commis de graves fautes envers [son client], constitutives d'un très lourd préjudice porté à sa renommée, à sa dignité, à son honneur et à son action politique et de condamner le mouvement à lui verser la somme de 2 millions d'euros à titre de réparation». Ainsi, bien sûr, que de réintégrer l'octogénaire au sein du mouvement et lui permettre de siéger dans toutes les instances frontiste, comme le lui permet un statut de président d'honneur qu'il assure n'avoir jamais perdu en dépit de son exclusion.
«Simulacre»
Depuis le 20 août, Jean-Marie Le Pen n'a eu de cesse de contester son exclusion, estimant que ses «exécuteurs» – soit les quatre membres dirigeants du FN ayant voté la sanction – étaient «juges et parties» pour les uns, aux ordres de Marine Le Pen pour les autres. «La décision était prise à l'avance, par une formation dépourvue de toute objectivité, qui avait reçu l'ordre de la présidente d'exclure coûte que coûte M. Jean-Marie Le Pen au mépris de toute impartialité, la réunion n'étant qu'un simulacre destiné à habiller cette exécution d'un semblant de démocratie interne», juge Frédéric Joachim dans son assignation. L'audience pourrait intervenir début 2016, selon l'Opinion.
Jean-Marie Le Pen a déjà remporté, cet été, trois victoires judiciaires contre son ancien parti. Le TGI de Nanterre avait annulé sa suspension décidée par les instances dirigeantes du parti début mai. Il avait ensuite suspendu le congrès par correspondance censé supprimer son titre de président d’honneur, décision confirmée par la cour d’appel de Versailles.