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Libération
EDITORIAL

Négocier

publié le 14 octobre 2015 à 20h06

Manuel Valls est admirateur de Clemenceau. Mais si «le Tigre» avait beaucoup de valeur et de qualités, il y a une tache sur la biographie : son rapport au mouvement ouvrier, qu’il a affronté de manière brutale au nom de l’ordre et de la loi. Or, si le besoin d’ordre parcourt aujourd’hui une partie de la société française, il s’y ajoute une angoisse sociale permanente et aigue. Il est donc pour le moins maladroit, même si aucune violence ne peut rester sans réponse, de traiter de «voyous» les syndicalistes qui ont molesté les cadres supérieurs d’Air France. Force doit rester à la loi, c’est entendu. Mais à cette fermeté, il était nuisible d’ajouter un qualificatif aussi négatif. L’adjectif a cabré une partie de la base syndicale et rendu ardu le dialogue social qui est la pierre de touche de l’action gouvernementale. Il y a pourtant beaucoup à négocier, et pas seulement dans les entreprises saisies par l’urgence des plans sociaux. Le compte personnel d’activité, qui regroupe les droits à la formation et les compensations prévues en faveur des salariés aux conditions de travail pénibles, est un instrument utile. Il accroît la sécurité professionnelle dans un environnement mouvant où, de moins en moins, le salarié restera des décennies dans la même entreprise. Encore faut-il en négocier les contours et les modalités. C’est l’objet de la conférence sociale de lundi prochain. Les syndicats auraient grand tort de s’en abstraire alors qu’ils peuvent y trouver une avancée significative. Y compris la CGT.