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Libération

Défendre le modèle social contre le «bloc réactionnaire»

publié le 19 octobre 2015 à 19h56

Vanter les partenaires sociaux parce qu'on croit au dialogue social est une chose. Porter aux nues les corps intermédiaires pour mieux taper ses adversaires politiques en est une autre. François Hollande, qui a décidé de faire fi de son absence de résultats dans le domaine économique, a érigé la défense du modèle social français en bouclier face au «bloc réactionnaire», l'idiome dans lequel l'exécutif mêle droite et extrême droite depuis la rentrée. En déroulant son programme pour «refonder le dialogue social», fin septembre dans les Echos - remise en cause des 35 heures, des accords collectifs, contournement des syndicats - Nicolas Sarkozy a fourni au chef de l'Etat une occasion rêvée de ressouder son camp et de monter au créneau projet contre projet. «Quand il n'y a plus de représentants nulle part, vous discutez et vous réformez avec qui ? On ne peut pas réformer tout seul», a-t-il expliqué lundi après avoir jugé que seuls «les plus démagogues» proposaient de se passer des syndicats. Dans son face-à-face avec l'ex-chef de l'Etat, Hollande a reçu le soutien étonnant de celui qui était le «monsieur Social» de Sarkozy, Raymond Soubie, qui «ne croi[t] pas que le paysage social soit la chienlit», comme l'a dénoncé l'ancien président à propos de la crise à Air France. Aux dires d'un ministre, «en 2017, la question qui se posera aux Français sera simple : "Voulez-vous de la démocratie sociale ou une démocratie directe"». Autrement dit, la gauche ou la droite. Mais - c'est plus nouveau - François Hollande truffe également son plaidoyer social d'attaques contre le Front national, dont le discours économique séduit de plus en plus d'ouvriers, de salariés, voire de fonctionnaires. «Personne n'est dupe du jeu de ceux qui profèrent le repli derrière des frontières nationales au prétexte de nous sauver de tout alors que ce serait la ruine du travail français, quand on sait que le tiers de la production de notre pays est exporté», a-t-il fait valoir, concluant son discours devant les partenaires sociaux sur le refus de la «peur». Comme dans les grandes heures de sa campagne présidentielle de 2012.