Non, Hollande, n'abandonnera pas les partenaires sociaux en cours de mandat, comme l'a fait son prédécesseur. Il ne leur marchera pas sur la tête, tel Sarkozy dans sa course à un second quinquennat. «Moi, je crois au rôle des organisations représentatives, je crois à la nécessité d'avoir des acteurs responsables qui s'engagent», a répété François Hollande lors de son discours d'ouverture de la conférence sociale de lundi. Sauf que comme sous Sarkozy, le climat social, après trois ans d'exercice du pouvoir, se tend. Echec de la négociation sur le dialogue social, violents incidents à Air France, sujets délicats en perspective (réforme de la négociation collective et simplification du code du travail) : la CGT, principale organisation syndicale du pays, qui avait pourtant appelé à voter Hollande, s'éloigne un peu plus de l'exécutif. Boycottant même, pour la première fois depuis 2012, l'ensemble de cette quatrième conférence sociale. Or le Président semble, lundi, en avoir fait son deuil. «Il est […] commode de ne jamais s'engager à signer le moindre accord, en espérant d'ailleurs que d'autres le feront à leur place, tout en dénonçant, dans le même mouvement, les insuffisances du dialogue social», a-t-il déclaré dans une allusion directe à la CGT. «Abîmer le dialogue social, c'est quand on s'enferme dans les postures, quand l'enjeu interne l'emporte sur l'intérêt général», a surenchéri le Premier ministre en fin de journée. A l'inverse, Hollande - comme Valls - a vanté l'accord - et «ses mesures courageuses» - trouvé vendredi sur les retraites complémentaires, et qui constitue «à [ses] yeux une preuve de responsabilité». Accord jugé «scandaleux» par la centrale dirigée par Philippe Martinez… Bref, le champ des partenaires sociaux avec qui Hollande envisage de terminer son mandat sera des plus classiques : le patronat d'un côté, en direction duquel est orientée une grande partie de sa politique économique ; les syndicats dits «réformistes» (CFDT, CFTC et CGC) de l'autre. La fracture avec la gauche du PS au plan politique est désormais actée au plan syndical.
Dialoguer avec qui ? les patrons et les syndicats «réformistes»
par Luc Peillon
publié le 19 octobre 2015 à 19h56
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