«Nous espérons que vous utilisez une partie des 12 millions de taxes d'hôtellerie pour mettre des escalators sur toutes les collines.» C'est une des inscriptions que l'on a pu lire jusqu'à hier sur plusieurs panneaux publicitaires et arrêts de bus de San Francisco. L'auteur de ce coup marketing ? Airbnb.
Maintenir les arts dans les écoles, remettre de l'argent dans les parcmètres si l'horaire est dépassé, laisser les bibliothèques ouvertes plus longtemps… Au lieu d'obtenir le succès escompté, ces affiches au ton goguenard ont subi les foudres des habitants de la ville sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, par exemple, on pouvait lire cette publication d'une san-franciscaine, Martha Kenney : «Je suis heureuse d'apprendre que vous avez payé des impôts cette année. Je l'ai fait aussi. C'est génial non ?»
«Ce n’était pas le bon ton»
Le site numéro 1 de location et de réservation d'hébergements de particuliers, désormais plus valorisé que les grandes chaînes hôtelières mondiales, a décidé dans la soirée de mercredi, de retirer ces affiches publicitaires et a présenté ses excuses aux habitants de la ville. L'objectif était «de montrer notre contribution fiscale qui représente environ 1 million de dollars par mois», à en croire Christopher Nulty, le porte-parole de l'entreprise. Qui ajoute : «Ce n'était pas le bon ton et nous nous excusons auprès de ceux qui ont pu être offensés.»
Ce n'est pas la première fois qu'Airbnb est critiquée pour ses campagnes de pub. En juillet dernier, elle avait publié des messages «pour promouvoir la bonté humaine» : «Dormez dans leurs lits, afin de connaître leurs rêves. Regardez à travers leurs fenêtres, afin de comprendre leurs points de vue». Selon le New York Times, de nombreux twittos avaient vigoureusement réagi à cette campagne jouant sur l'altruisme supposé des utilisateurs de Airbnb en écrivant, par exemple, qu'«un meurtrier aurait pu écrire ce genre de message».
«Proposition F»
Les plates excuses de la plateforme interviennent alors que de nombreuses municipalités outre-Atlantique cherchent à mieux encadrer l'usage de Airbnb dans leurs villes. Les San-Franciscains doivent se prononcer le 3 novembre sur la «Proposition F», un texte qui interdit aux habitants de la ville californienne de louer tout ou partie de leur résidence plus de 75 nuits par an. Cette proposition impose également aux plateformes de location entre particuliers et aux logeurs de déclarer chaque trimestre le détail des transactions effectuées. Une proposition que Martha Kenney, l'auteure du message très largement partagé sur Facebook, a mis en rapport avec la campagne de lobbying menée par Airbnb pour contrer cette mesure: «Si vous aviez offert aux bibliothèques publiques que vous aimez tant les 8 millions de dollars que vous avez dépensé pour lutter contre la proposition F, cela aurait fait toute la différence.»