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Libération

«Je me suis fait avoir comme un enfant avec des bonbons»

Prosper 23 ans, informaticien
par Sarah Ichou, Bondy Blog
publié le 25 octobre 2015 à 19h26

«En troisième, je me suis fait renverser par une voiture. J'ai passé toute cette année scolaire avec un plâtre à la jambe droite et une attelle à la jambe gauche. Je ne pouvais plus partager les mêmes loisirs que les ados de mon âge : ciné, foot, basket… Alors, je me suis découvert d'autres loisirs : les mangas, la musique, les séries américaines et surtout l'informatique. J'ai essayé de monter des sites internet avec les moyens du bord. A l'école, ça ne suivait pas. Je m'investissais seulement dans les cours qui m'intéressaient, comme les mathématiques, la techno, la physique-chimie et l'anglais. Au deuxième trimestre, quand on m'a demandé mes vœux pour la seconde, je me suis retrouvé bloqué. Je voulais faire de l'informatique, mais comment y parvenir ? Je n'en avais pas la moindre idée. Je suis allé voir la conseillère d'orientation de mon collège. On a discuté une quinzaine de minutes. Elle m'a dit que j'étais sympathique mais que l'informatique, ça ne serait pas pour moi : "Vos résultats scolaires sont beaucoup trop fragiles pour envisager des études vous amenant vers la voie que vous désirez, jeune homme, soit une voie générale."

«J’étais face à un mur : je devais partir dans une filière pro, sauf qu’aucune ne pouvait me préparer au métier auquel j’aspirais. Comme je devais bien me scolariser quelque part, elle m’a "vendu" la filière logistique en me montrant une vidéo des métiers liés à ce domaine. Tout le long, on y voyait des gens manipuler des ordinateurs. Avec le recul, je me rends compte qu’elle m’a eu comme on a un enfant en lui proposant un bonbon. Et puis après tout, logistique et informatique, ça rime, hein. J’ai fait un trimestre dans ce lycée et puis j’ai décroché et j’ai été placé dans un foyer où j’ai rencontré des éducateurs qui m’ont poussé à faire un stage dans ce que j’aimais : la maintenance informatique. Je devais faire une semaine et finalement ça a duré six mois. Mon patron a vu que j’en voulais et que j’apprenais vite, c’est lui qui m’a formé. Ce stage m’a conforté dans ma décision de faire de l’informatique ou rien.

L’expérience professionnelle c’est cool, mais sans formation j’ai vite compris que je n’irais pas très loin. Alors, sur les conseils des éducateurs du foyer, j’ai fait un bac pro électrotechnique. Dans ce lycée, j’ai rencontré une nouvelle conseillère d’orientation qui m’a dirigé vers une formation et je viens d’obtenir mon diplôme de technicien informatique, enfin. Comme quoi, l’orientation c’est une question de chance.»