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Libération
Éditorial

Maires élus avec moins de 10 % des voix, on fait quoi ?

par Latifa Oulkhouir, Au Bondy Blog depuis 2013, juriste. 25 ans
publié le 25 octobre 2015 à 18h06

Pour certaines élections, en banlieue, l'élu a moins de légitimité que le vainqueur d'une émission de télé-réalité sur le déclin. Si l'on peut constater que lors des présidentielles, les taux de participation côtoient des sommets (80,35% au second tour en 2012), il suffit de jeter un œil aux taux de participation dans certaines villes (lire Libération du 14 octobre) lors des dernières municipales pour ravaler sa satisfaction démocratique. Vaulx-en-Velin, Roubaix, Villiers-le-Bel ou encore Clichy-sous-Bois ont affiché des taux d'abstention au premier tour supérieurs de 60%.

Si l'on fait deux trois calculs, (sur ses doigts, ça suffit), on se rend compte qu'à Vaulx-en-Velin (Rhône-Alpes), commune de 43 000 habitants et 22 000 inscrits, le maire a récolté moins de 4 000 voix. A Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), où les listes comptaient 31 000 habitants et 11 000 inscrits, 2 600 votes lui ont suffi. Si les villes de plus de 10 000 habitants ayant le plus fort taux d'abstention sont toutes des villes de banlieue, il est de bon ton de s'interroger. La faute aux politiques ? Lorsque Clémentine Autain fait campagne en proposant «des vitamines pour Sevran» ou que des maires de droite utilisent le «mariage pour tous» pour aguicher l'électeur musulman, on peut comprendre une volonté de se tenir loin de l'isoloir.

Au-delà de ça, ces villes sont aussi celles qui ont des taux de chômage parmi les plus élevés, difficile donc de convaincre. Les listes sont-elles représentatives de leurs électeurs ? Quelles que soient les raisons, il y a une urgence. Et peut-être qu’en cas d’abstention trop forte, on pourrait se demander s’il n’est pas davantage démocratique d’annuler purement et simplement l’élection. Sur les routes, les panneaux, les lampadaires on pourrait écrire : «Electeur, si tu ne reviens pas, j’annule tout.»