«Je touche 580 euros par mois d'AAH [allocation aux adultes handicapés, ndlr], et j'ai une petite activité enCDD qui me ramène 125 euros par mois. Je perds de l'argent en travaillant, mais au moins j'ai mon amour propre, c'est important vis-à-vis de mes enfants. J'ai 2 000 euros sur un Livret A. Depuis 2005, quand je me suis séparé de ma femme, j'ai mis, petit bout par petit bout, un peu d'argent de côté, en me privant sur les sorties et la nourriture. Maintenant que j'ai ma fille de 16 ans à charge, je ne peux plus me permettre de ne faire qu'un repas par jour, je vais être obligé à partir de cette semaine de demander des colis alimentaires. 2 000 euros, ce n'est pas grand-chose mais ça me permet de combler les difficultés de vivre avec l'AAH. Et puis ça peut servir en cas de coup dur, on ne sait jamais. Si ma machine à laver tombe en panne, ayant l'AAH, je ne peux pas en racheter une à crédit : les banques ne font pas confiance quand on est sous le seuil de pauvreté, et je les comprends.
«Si la mesure passe, c’est vraiment honteux. Je préfère fermer mon Livret A et garder mon liquide chez moi. Il faut que notre gouvernement arrête de penser que, parce qu’on ne peut pas travailler, on essaye de tirer au flanc. Pour toucher l’AAH à taux plein, une personne doit avoir un taux d’invalidité supérieur ou égal à 80 %. Elle n’a pas demandé à être lourdement handicapée. Je suis infirme moteur cérébral. Je préférerais travailler à temps plein et payer des impôts, mais je resterai toute ma vie sous le seuil de pauvreté.»