Pierre de Saintignon, l’inconnu socialiste qui se révèle âpre débatteur
Chez Jean-Jacques Bourdin, chez Léa Salamé, en débat face à Marine Le Pen et Xavier Bertrand sur i-Télé : l'inconnu socialiste Pierre de Saintignon s'est retrouvé partout, et on l'a vu se battre. Comme un boxeur, le souffle court. Moins expérimenté que ses deux adversaires, il a une longueur d'avance comme vice-président à la région Nord Pas-de-Calais depuis dix-sept ans, à la fois proche des milieux patronaux, et à l'aise avec les syndicats. Est-ce que ça suffira ? Bras droit de Martine Aubry à Lille, il se pose en quasi-frondeur et refuse qu'Emmanuel Macron vienne le soutenir, dans une région ouvrière où on sait ce qu'on doit aux 35 heures et où les partis plus à gauche demandent des comptes. Quand Martine Aubry lâche son «Macron, ras-le-bol», il lui donne raison. Ce fils d'une vieille famille lorraine, qui a confessé au Point qu'il ne savait pas lire et écrire à 10 ans, pour cause de dyslexie, a été à la tête d'une association de protection de l'enfance, a créé des structures de réinsertion, avant d'être directeur général de Darty.
Quand le FN monte, Cuvillier a «honte»
Sur l'air de Quand la mer monte, chanson archiconnue des Nordistes, le député-maire de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier, tête de liste PS pour le Pas-de-Calais, a enregistré une chanson anti-Le Pen : «Quand Le Pen monte, j'ai honte, j'ai honte. Quand elle descend, j'sus content. Quand elle s'ra basse, elle r'prendra le train d'Arras, sans la tête haute et sans nos votes !» chante avec un groupe d'anonymes, celui qui fût ministre des Transports dans les gouvernements Ayrault et Valls. La candidate FN a répondu par un tweet : «Quand l'chômage monte, j'ai honte.» Mais elle n'a pas écrit de tweet pour dire comment elle le ferait descendre.
Le Hollandomètre
Pour chacune des régions, «Libération» et le cabinet Liegey-Muller-Pons (1) se penchent sur les électeurs qui ont fui la gauche depuis 2012.
La gauche a perdu quasiment un million de voix dans la région Nord-Pas-de-Calais - Picardie depuis la présidentielle 2012, soit plus de 60 % de ses électeurs - une proportion qui se vérifie dans chacun des cinq départements qui la composent. De toutes les nouvelles régions métropolitaines, c’est l’une de celles où elle a le plus perdu en proportion. Il n’y a qu’en Corse où la gauche fait pire. En Nord-Pas-de-Calais - Picardie deux électeurs perdus sur trois sont des déçus qui se sont tournés vers d’autres partis (et même trois sur quatre dans les zones rurales). Les autres (un sur trois) sont donc des abstentionnistes de gauche, qui ne se mobilisent que pour les scrutins majeurs, telle la présidentielle ou les législatives. Cet équilibre deux tiers de déçus et un tiers d’abstentionnistes se vérifie quasiment partout, sauf dans le département le plus peuplé de la région, celui du Nord, où la proportion des abstentionnistes (43 %) est un peu plus proche que celle des électeurs déçus (57 %).
(1) Liegey-Muller-Pons est un cabinet de stratégie électorale. Il est spécialisé dans l'analyse de données, la modélisation prédictive et le développement d'applications numériques pour les campagnes.