15 heures, place du Capitole. Diffusé sur les réseaux sociaux, l'appel au rassemblement en hommage aux victimes des attentats rassemble près de 300 personnes devant la façade de la mairie de Toulouse. Comme à la suite des attaques du 7 janvier, la foule fait cercle autour du coin de façade transformée en zone de recueil. Accrochés aux fenêtres, un drapeau tricolore, un dessin «Je suis Paris» représentant la Tour Eiffel et une croix. A proximité, plusieurs patrouilles de policiers en civil et en tenue observent la scène. «Ce genre de rassemblement spontané nous rend nerveux», commente l'un des gradés.
Sybille, 19 ans, étudiante, allume des bougies «pour rendre hommage aux victimes et pour montrer qu'elle n'a pas peur». Laurent Nion, juge retraité du TGI de Toulouse, et sa compagne Anne-Marie, avocate, s'inquiètent de l'état d'urgence décrété par le président de la République : «Il faut envisager des lois d'exception. On n'avait pas vu ça depuis la guerre d'Algérie. Mais il faudra éviter de tomber dans la peur de l'autre», disent-ils. Silencieux, «trop ému pour parler», Kevin, 24 ans, a jeté un drapeau tricolore sur ses épaules. «C'est normal, juge Julien, 23 ans, étudiant. C'est notre pays qui a été attaqué. Il faut leur montrer que nous n'avons pas peur.» «Les jihadistes qui ont fait ces attentats ont peut-être notre âge, reprend-il. Ils sont manipulés. Ce sont des assassins et des victimes en même temps.»
Carole Delga, tête de liste PS aux régionales, a interrompu depuis vendredi soir sa campagne électorale : «J'ai annulé tous mes rendez-vous pour les trois jours à venir. Il faut faire face avec courage et dignité. La France gagnera ce combat contre l'horreur.» De temps en temps, des salves d'applaudissements rompent le silence général. Sergueï, 23 ans, étudiant russe, se tient en retrait avec son skate board à la main : «Depuis ce matin je circule avec, dit-il. J'ai trop peur de prendre le métro ou le bus.»