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Témoignages

Bataclan : «Trois personnes ont commencé à tirer dans la foule à l'aveugle»

La prise d'otage dans la salle de concert a fait une centaine de morts parmi les spectateurs.
Vendredi soir près de Bataclan. (Photo Laurent Troude)
publié le 14 novembre 2015 à 0h56

Des dizaines, puis 80, puis une centaine de morts. Le décompte, peu après 1 heure du matin, est tombé de manière impitoyable. Au Bataclan, c'est un carnage. Au moins trois terroristes sont entrés dans la salle festive, boulevard Voltaire, près de la place de la République. Pour le concert du groupe américain Eagles of Death Metal, peu avant 22 heures, la salle de 1 500 places est pleine. Immédiatement, après l'entrée des tireurs, c'est le chaos. «On a vu des hommes entrer. Ils ont tiré à l'extérieur puis à l'intérieur de la salle», raconte un témoin sur Twitter. D'autres avancent que les assaillants ont évoqué la Syrie. «Avec ma mère, on a réussi à s'enfuir, on a évité les coups de feu, raconte un spectateur du concert à France Info. Y a des mecs qui sont arrivés, ils ont commencé à tirer dans l'entrée, en hurlant "Allah akbar" avec des ­fusils à pompe je crois.» «Tout le monde s'est couché à terre, continue-t-il en pleurs. J'ai pris ma mère, on s'est couchés au sol, on a réussi à courir, on s'est enfui par une issue de secours au Bataclan.»

«Couvert de sang»

Un survivant raconte à Libé par téléphone : «J'étais au premier rang du concert. Soudain trois personnes sont rentrées avec des kalachnikov et on commencé à tirer dans la foule à l'aveugle. Une jeune fille devant moi s'est prise une balle et c'est pour cela que j'étais couvert de sang. J'ai réussi à sortir en rampant.»

Ismaël El Iraki, un réalisateur, témoigne : «J'étais dans la fosse devant, j'ai d'abord entendu des pétarades, je me suis retourné, et j'ai vu une silhouette avec une casquette qui se détachait dans la lumière vers la porte du fond, il braquait un pistolet dans notre direction. Les gens ont commencé à tomber et se jeter au sol. Je pense que le mec à côté de moi est mort. Il y a eu un premier mouvement de foule près de la scène, j'ai couru, j'ai sauté la barrière et je suis sorti par la sortie de secours à l'extrémité opposée de la salle. Je ne me souviens que du bruit.» Selon un autre témoin dans la fosse, «il y avait un tireur dans la salle et les gens ont essayé de sortir. Mais il y avait aussi un tireur sur le balcon en survêtement noir qui tirait avec une arme automatique de type kalachnikov».

Le Raid se rend immédiatement sur place. Le périmètre est bouclé. Des dizaines de personnes sont retenues en otage. Vers 00 h 30, l’assaut est lancé. Au moins deux des trois terroristes se seraient donnés la mort. Un policier est blessé.

Vers 00 h 45, Laurent, un salarié de Libération présent au concert, témoigne, sous le choc : «Je suis sorti de la salle de concert il y a vingt minutes. J'étais dans les balcons. On a entendu les coups de feu, on s'est jeté par terre, on s'est planqué dans une loge. On est pas mal quand même, du Bataclan, à avoir pu sortir.»

«Atrocités»

Peu après 1 h 30, les survivants et les corps sont évacués petit à petit par les pompiers. Les jeunes gens, hébétés, certains avec des tee-shirt maculés de sang, sont ensuite escortés par la police. Au rez-de-chaussée, les vitrines sont pour la plupart explosées.

Le président de la République, les ministres Cazeneuve et Valls, se rendent sur place . François Hollande : «Lorsque des terroristes sont capables de commetre de telles atrocités, il doivent être certains qu'ils auront en face d'eux une France ­déterminée, une France unie et une France rassemblée. […] Nous voulions être là, parmi ceux qui ont vu ces choses atroces, pour dire que nous allons mener le combat, qu'il sera impitoyable.»