Une foule silencieuse s'est rassemblée, dimanche après-midi à Paris, place de la République mais aussi sur le boulevard Voltaire en direction du Bataclan, pour rendre hommage aux victimes des attentats de vendredi soir. Beaucoup de fleurs blanches, de bougies, et des messages qui disent : «Aujourd'hui, j'ai perdu 128 frères et sœurs» ; «Vive la musique, vive la liberté» ; «Je suis Bataclan» ; «Je suis un être humain». Evelyne esquisse un sourire avec un air de défi : «On va toujours sortir, aller aux terrasses des cafés, ils ne vont pas nous faire chier, ces gens-là. Ce n'est pas eux qui vont gagner.»
Près de la statue de la République, la foule applaudit deux garçons accrochant une banderole «Même pas peur» sur le bronze tandis que la Marseillaise résonne à l'angle avec la rue du Faubourg du Temple : «Marchons, marchons, qu'un sang impur abreuve nos sillons.»
Ils sont jeunes, blacks, blancs, beurs, alignés comme une chorale à hurler «Vive la République, vive la liberté, non à la guerre, vive la fête». La foule de la statue applaudit et se rapproche d'eux quand ils entonnent Get Up, Stand Up de Bob Marley, et l'air de la Coupe du monde 1998. Puis revient encore une fois la Marseillaise, un poing, un doigt levé, comme Safi, 24 ans : «Même si je suis étranger, je suis venu, s'excuse-t-il presque. J'ai perdu deux proches au Bataclan.» Son regard s'embue alors que la foule entonne Happy Days. Jessica, 16 ans, Elisa, 15 ans, se serrent l'une contre l'autre : «Nous sommes là pour rendre hommage mais dire aussi qu'on n'a pas peur.»
A 16 h 15, une minute de silence interrompt les chants avant quelques accords de guitare pour lancer Résiste, de France Gall. Laurent, 49 ans, et ses deux garçons de 8 ans et 9 ans arborent des tee-shirts du PSG. «Je suis venu pour un moment de partage, dit le père. Qu'ils voient de leurs yeux ce que retransmet la télé, et leur montrer ce qu'est la liberté.» En début de soirée, le rassemblement s'est dispersé dans la panique et la confusion en raison de rumeurs de tirs dans le centre de Paris. Selon une source policière, il s'agissait d'une fausse alerte provoquée par l'explosion d'une lampe chauffante dans un bar.