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Libération

Sarkozy enterre l’union nationale

Le président de LR, reçu par François Hollande dimanche, a critiqué la politique du gouvernement. Pour mieux affirmer son leadership.
publié le 15 novembre 2015 à 23h06

Les affaires reprennent. Pour Nicolas Sarkozy, le jour d'après devait être celui de l'affirmation de sa prééminence sur ses concurrents : Juppé, Fillon et Le Maire. Avec une vingtaine d'autres hauts responsables du parti Les Républicains, ces derniers ont été invités dimanche midi à une réunion au siège de LR. Deux heures plus tôt, Sarkozy avait été reçu à l'Elysée en sa qualité de chef d'une formation politique. L'occasion pour lui de revenir sur les deux exigences qu'il a formulées devant Hollande : «Inflexion de notre politique étrangère» et «modifications drastiques de notre politique de sécurité».

Fidèle à son habitude, il s'est bien gardé de soumettre à ses concurrents les propositions qu'il entendait défendre. Il a notamment préconisé «l'assignation à résidence avec bracelet électronique» de tous les radicalisés signalés par une «fiche S». L'état d'urgence permet aux préfets de prononcer des assignations à résidence ou des interdictions de territoire contre les personnes jugées dangereuses. Beaucoup, à droite, réclament de telles mesures. Comme tous les dirigeants LR, l'ex-chef de l'Etat exclut de demander, tel Laurent Wauquiez, l'internement dans des «camps» de tous les islamistes radicalisés. Une proposition «délirante», selon un proche de Juppé. Selon l'un des participants, la réunion des chefs de LR en milieu de journée était «surréaliste». «On a passé une demi-heure à débattre de l'expression "union nationale"», confie-t-il à Libération. Sarkozy n'aime plus ce vocabulaire, dont il avait pourtant fait usage après Charlie. Dimanche, il a suggéré de parler plutôt de «solidarité nationale». Pas d'accord, Juppé continuera à oser «l'union nationale».

Sur TF1, Sarkozy a de nouveau réclamé, contre l'Etat islamique, la constitution d'une «coalition unique» incluant les Russes. Sur le conflit syrien, les positions à droite ont tendance à converger. Prenant acte de l'échec de la stratégie européenne du «ni Daech ni Al-Assad», Juppé reconnaît que le combat contre le premier doit être prioritaire.

Pour les Français, dont Sarkozy assure qu'ils «ne se sentent pas en sécurité», il demande l'application du «principe de précaution», qui ne devrait «pas seulement valoir pour la COP 21». Façon de suggérer que les obsessions écologistes tant décriées par une partie de la droite mettent en péril les Français… S

«L'Europe doit poser les conditions d'une nouvelle politique d'immigration», a ajouté Sarkozy sur le perron de l'Elysée. Il a reconnu que cela n'avait «naturellement aucun rapport» avec les attaques de vendredi soir. Mais il a jugé que cela devait être dit. Il l'a d'ailleurs répété avec insistance, appelant sur TF1 à «un sommet des chefs d'Etat européens pour résoudre le problème des contrôles aux frontières».