Certes, le Vieux-Port était déjà silencieux. A peine plus d'une centaine de personnes avaient choisi de s'y rendre pour observer ce lundi la minute de silence en mémoire des personnes tuées vendredi soir à Paris. «Peu importe, réagit Nadjim. Y en aura plus ce soir et surtout, la solidarité est très forte parmi nous.» Le jeune homme est venu avec toute sa famille se poster sous l'ombrière du port, où un petit autel a été improvisé devant une barrière de sécurité. Quelques bougies sont allumées, au milieu des messages. «Reposez en paix, on s'occupe du reste», «Je suis Paris», «Pour Mathias et Marie »... Un dessin d'enfant, représentant la tour Eiffel dans un coeur aux couleurs du drapeau français, a été posé à côté d'une carte postale de Notre-Dame-de-la-Garde.
«Le hashtag PrayingforParis, c'est bien, mais c'est plus d'une ville qui est dans la terreur et dans la peine aujourd'hui, relève Cyril, 18 ans. Les terroristes ciblaient la capitale, mais ils voulaient faire peur à toute la France.» Le jeune homme, volontaire en service civique, est venu se recueillir avec tous ses collègues. Les cloches de l'église sonnent midi, le silence s'installe. En haut d'un poteau voisin, deux agents qui installaient les guirlandes de Noël se sont arrêtés de travailler. Au loin, on aperçoit l'Hôtel de ville, où le maire a réuni son conseil municipal dans la salle des délibérations, pour un hommage politique collectif. Juste à côté, les terrasses plutôt pleines, elles, ont continué leur roulement habituel. «Pourquoi pas, évacue Marie, qui vient de déposer une bougie. Chacun fait comme il peut...»
«Le sang qui a coulé à Paris est le nôtre»
Les applaudissements viennent marquer la fin de la minute. Un homme à la voix chevrotante entonne la Marseillaise, suivi par la foule. Alors que les participants se dispersent, Nadjim et son amie Corinne cherchent les mots qu'ils veulent laisser sur place, pour rendre hommage aux victimes. «Je voulais dire qu'on était tous dans le même sac, on est tous unis, insiste Corinne. Dans ces circonstances, la rivalité Paris-Marseille n'existe plus.» Les Ultras, l'un des clubs de supporters de l'OM, a lui aussi voulu marquer symboliquement sa solidarité, en accrochant plus loin, dans la ville, une banderole «Je suis Paris». «Le sang qui a coulé à Paris est le nôtre, ont-ils tweeté sur leur compte. Unis, fort et déterminés, nous vaincrons l'obscurantisme.» Les Marseillais sont appelés à se rassembler à nouveau ce lundi soir, à partir de 18h30 sur le Vieux-Port.