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Droit de suite

Accident de TGV : des enfants étaient bien à bord

Quatre mineurs, non autorisés par le protocole, se trouvaient dans la rame d'essai qui a déraillé au nord de Strasbourg. Le conducteur du train, entendu par la police, dément avoir roulé trop vite.
Accident d'une rame TGV d'essai sur le nouveau tronçon de ligne TGV est, qui a tué au moins 11 personnes, à Eckwersheim, le 15 novembre 2015. (Photo Pascal Bastien pour Libération)
publié le 16 novembre 2015 à 15h44
(mis à jour le 16 novembre 2015 à 19h30)

Il y avait bien des enfants à bord. Agés de 10 à 15 ans, ils se trouvaient à bord du TGV d’essai qui a déraillé samedi en Alsace, faisant 11 morts et 37 blessés. Mais a indiqué lundi le parquet, ils ne comptent pas parmi les personnes décédées, ni parmi les blessés graves.

Au total, 53 personnes se trouvaient à bord de ce train : 11 sont mortes et 42 ont été blessées. Un bilan qui n'est «peut-être malheureusement pas définitif, car il y a encore quatre personnes dont le pronostic vital reste engagé», a précisé lors d'un point de presse le procureur adjoint de Strasbourg, Alexandre Chevrier.

Des «invités» à bord

En dehors des causes de l'accident qui restent à éclaircir, la présence de ces enfants et ados à bord est pour l'instant inexpliquée. «Il y avait un certain nombre d'invités dans le train à l'occasion de ce voyage test. L'enquête devra déterminer les raisons de leur présence», a déclaré le magistrat. Or, a rappelé le président de la SNCF Guillaume Pepy dimanche, aucun «invité» n'aurait dû se trouver à bord : «Bien que ces essais ne présentent pas de caractère à risque, il n'est pas normal que des enfants soient à bord lors d'un essai. Seules les personnes dont la présence est justifiée sont autorisées à monter. Il s'agissait d'une circulation technique, pas d'une circulation touristique.»

Une liste des personnes autorisées à monter à bord, en gare de Meuse TGV, avait été établie et validée par le responsable de l'essai. Elle comportait les noms de 49 personnes. «Il y a un écart entre les personnes sur la liste et les personnes à bord», a sobrement déclaré le dirigeant de la SNCF. L'enquête devra dire si ces invitations informelles s'étaient déjà produites, de façon régulière ou non. La SNCF a déclaré qu'elle assurera de toute façon ses responsabilités envers les cheminots mais aussi les personnes non autorisées.

Deux points d’impact relevés

Quant à l'accident en lui-même, les enquêteurs ont avancé dimanche un premier scénario : la motrice a «percuté» un pont et «le train a ensuite déraillé avant de basculer sur le talus de la ligne ferroviaire», a déclaré le procureur adjoint. Deux points d'impact ont été relevés sur ce pont métallique, dont un causé par la motrice. Un porte-parole de la SNCF a confirmé ce scénario à l'AFP, précisant que, dans le choc, le train «a percuté des rambardes de protection» et s'est séparé en deux.

Roulait-il trop vite ? C'est ce qu'a déclaré le directeur de cabinet du préfet d'Alsace : la rame aurait «déraillé en raison d'une vitesse excessive». Le train d'essai circulait à quelque 350 km/h, selon une source proche de l'enquête rapportée par l'AFP. Une information démentie cependant par le témoignage du conducteur, légèrement blessé dans l'accident. Aux enquêteurs, il a affirmé «avoir parfaitement respecté la vitesse qui lui était assignée sur ce tronçon», c'est-à-dire 176 km/h. L'accident s'est déroulé à Eckwersheim, environ 12 kilomètres au nord de la capitale alsacienne. L'essai visait à tester le nouveau tronçon à grande vitesse qui achève le chantier de la LGV-Est entre Paris à Strasbourg. Ces 100 kilomètres de voies supplémentaires doivent mettre à terme Paris à 1h48 de Strasbourg, contre 2h20 actuellement. Lors de l'essai, le train est bien monté à 352 km/h, soit la vitesse commerciale maximale (320 km/h) plus 10%. Une survitesse volontaire et habituelle dans le cadre des essais. Mais la rame était sur le point de rejoindre le raccordement avec la ligne classique qui entre dans Strasbourg. Sur cette voie, elle était aussi autorisée à rouler à la vitesse commerciale maximale autorisée (160 km/h) plus 10%. Le train devait donc se trouver en fin de décélération, donc très loin des 352 km/h. Seul l'examen des boîtes noires du TGV, actuellement entre les mains de la police judiciaire et «a priori exploitables» selon le procureur adjoint, confirmera rapidement - ou non - les dires du conducteur. Le parquet de Strasbourg a ouvert lundi une enquête pour «homicides et blessures involontaires».