Ahmed Bounaceur a 52 ans. Il est médecin urgentiste «spécialisé dans le traitement de la douleur» au centre hospitalier de Fontenay-le-Comte (Vendée). En 2007, il achète un terrain à Philippe Babin, et Françoise Babin (mère de Philippe et première adjointe de la Faute-sur-mer) lui signe un permis de construire en quinze jours, vitesse record.
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, il est réveillé par un «sifflement» vers 3 heures du matin. L'eau entre dans sa maison. A 3 h 40, elle lui arrive à la poitrine. Dix minutes plus tard, elle atteint quasiment le plafond. Il essaie d'y faire un trou pour sortir par les combles, en vain. Il plonge par la fenêtre de la chambre pour atteindre le toit par dehors et enlever les tuiles. «Mes souvenirs, c'est les cris de mon fils qui me dit "Pousse, pousse la fenêtre, papa", et qui me donne la force de la briser, a-t-il raconté à la barre du premier procès. J'étais gelé, je n'arrivais presque plus à bouger.» Dans l'eau à 5 degrés, fouetté par le courant, il parvient à s'agripper à la gouttière et à se hisser sur le toit. «J'ai enlevé des tuiles, j'ai fait un trou, j'ai vu ma fille en hypothermie, je l'ai hissée. J'ai cherché les autres. J'ai vu les corps de ma mère et de ma femme.»
Ses fils Ismaël, 4 ans, et Camil, 13 ans, meurent également noyés. Ahmed Bounaceur et sa fille restent seuls sur le toit. «J'ai passé ma nuit, de 4 heures jusqu'à 8 heures, l'oreille sur son cœur, à la frictionner. J'avais peur qu'elle meure aussi. Tous les jours j'entends les appels de mes enfants.»