Alain Marcos, 54 ans, professeur de menuiserie, fait partie des huit parties civiles qui témoigneront au procès en appel. Le 27 février 2010, il est arrivé à La Faute-sur-Mer avec sa fille Ophélie, 17 ans à l'époque. A 3 heures du matin, ils se sont réveillés dans leur maison remplie d'eau gelée. Ophélie réussit à s'échapper par une fenêtre. Alain la suit, mais un pan de mur s'écroule sur lui. «J'ai été projeté, j'étais désorienté, en panique. Je me cognais aux objets qui flottaient dans le noir. Je ne savais plus où était la fenêtre.» Entre le niveau de l'eau et le plafond, il ne reste que quelques millimètres d'air. Il y passe la bouche, aspire, replonge à la recherche d'une issue, les membres de plus en plus engourdis. «Finalement, j'ai réussi à sortir. Ma fille m'appelait, elle était accrochée à la gouttière. Je ne sentais plus mes jambes. Je ne sais pas où j'ai trouvé la force pour l'attraper et la hisser sur le toit. Ensuite, j'ai compris que je n'avais plus aucune ressource, que je n'arriverai pas à grimper. J'étais au bout, je me laissais glisser vers la mort. A ce moment-là, Ophélie m'a crié : "Je t'aime papa ! Je ne veux pas que tu meures là !" Elle m'a tiré sur le toit.» Alain et Ophélie descellent des tuiles, arrachent de la laine de verre et s'enroulent dedans. Jusqu'à l'arrivée des secours, à midi, Ophélie chante des chansons à son père, pour le garder conscient et couvrir le bruit des cris. «Aujourd'hui, je me réveille toutes les nuits en sursaut, avec la peur de me noyer, dit Alain. Ma fille vit en permanence angoissée. On n'est plus les mêmes.»
Alain Marcos «J’étais au bout, je me laissais glisser vers la mort»
par Ondine Millot
publié le 17 novembre 2015 à 19h06
Dans la même rubrique