Commune du centre-ouest de la France, La Faute-sur-Mer, 900 habitants l'hiver, 20 000 l'été, est située sur une langue de terre entourée d'eau. A l'ouest, l'Atlantique, et 8 kilomètres de plage. A l'est, l'embouchure du fleuve Lay. Maire de la commune de 1989 à 2014, René Marratier, poursuivi pour homicides involontaires, ne se cache pas d'avoir eu d'importantes ambitions touristiques, encourageant la construction de résidences secondaires. «Entre 1990 et 2000, on était sur un rythme de 45 nouvelles maisons par an à La Faute, a expliqué un expert au premier procès. La liberté de construire en zone inondable était totale. On s'est retrouvé avec des guichets de distribution de permis de construire, la procédure étant réduite à une simple formalité.» Conséquence de cette fièvre bâtisseuse : 80 % des Fautais sont des «nouveaux habitants». Or, entre 1957 et 1999, la commune a vécu une sorte de «rémission», sans inondation, alors qu'elles avaient été fréquentes les années précédentes (1924, 1926, 1940, 1941, 1943). Ceci explique la situation de beaucoup de victimes qui, en l'absence de toute information par la mairie, étaient ignorantes du risque. Les trois prévenus poursuivis pour homicides involontaires sont en revanche issus de familles implantées de longue date dans la région. Les anciens du village ont témoigné que les zones de construction s'appelaient autrefois les «prés salés» et que les vaches, jusqu'à la fin des années 80, y broutaient «les pattes dans l'eau». Des machines sont venues «aspirer l'eau» pour permettre les constructions.
La Faute-sur-Mer Fièvre bâtisseuse en zone inondable
par Ondine Millot
publié le 17 novembre 2015 à 19h06
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