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Au Congrès des maires, «une magnifique unité»

S'exprimant en clôture du rassemblement de l'Association des maires de France, le président de la République a été longuement applaudi par des élus debout.
Rassemblement des maires de France au Palais des congrès mercredi. (Photo Corentin Fohlen pour «Libération»)
publié le 18 novembre 2015 à 16h55

Depuis quelques années, le Congrès annuel des maires, organisé par l’Association des maires de France, sert à râler sur le gouvernement. François Fillon en sait quelque chose lui qui, Premier ministre, avait été accueilli en 2009 par des sifflets. Cette année, entre les baisses de dotation et les regroupements obligatoires pour les communes, la session s’annonçait chaude.

«C’est le respect que nous devons aux blessés»

Mais voilà, elle n’a pas eu lieu. Les attentats du 13 novembre ont entraîné son annulation, à la demande du gouvernement mais avec l’accord de l’AMF et de son président, François Baroin, maire (LR) de Troyes. Une matinée de rassemblement des élus, ce mercredi, dans l’auditorium du Palais des congrès de Paris, a fait office de produit de substitution. Et, preuve que le climat était franchement différent, le discours de clôture de François Hollande a été longuement applaudi par un public debout.

Juste avant, les élus s'étaient déjà levés pour ovationner la maire de Paris, Anne Hidalgo, dont l'émotion était palpable. «C'est en tant que simple citoyenne, simple Parisienne, que j'invite chacun à s'abstenir de toute parole de haine, a-t-elle dit. C'est le respect que nous devons à ceux qui ont été blessés.» Avant d'ajouter : «Il est fondamental que les Français puissent sentir la magnifique unité qui se dégage de cette salle.»

La fonction du pompon

S'exprimant juste avant le Président, François Baroin a souligné «par la séance solennelle de ce matin», la «mobilisation [des élus] pour faire face au drame». Les maires participants avaient été priés de venir ceints de leur écharpe tricolore. L'AMF, prévoyante, distribuait des mètres linéaires de ruban tricolore aux distraits qui l'avaient oubliée. On a découvert à cette occasion la fonction du pompon, qui leste l'objet sur l'épaule quand le simple ruban glisse sur la manche. Mais qu'il s'agisse de la ceinture brodée aux armes de la commune ou du ruban bricolé, l'effet est là : dans la salle, les élus de la République font corps dans le tricolore.

Le défi du jour, c'est aussi de faire corps dans les idées. François Baroin, qui avait pourtant trompeté : «Je n'accueillerai pas de réfugié à Troyes», tient à la tribune un tout autre discours. «Le principe d'humanité doit gouverner tous les autres car les enfants, les femmes et les hommes qui arrivent sur notre territoire fuient ceux-là même qui ont tué 129 personnes et blessé pour toujours 352 autres.»

Partenaires de l’Etat

Globalement, Baroin demande que les maires soient considérés comme des partenaires de l'Etat dans la lutte contre le terrorisme, qu'ils soient informés de la présence d'«individus présentant une forte présomption de dangerosité» et associés «au suivi indispensable des foyers de radicalisation».

Accordé, répond en substance François Hollande dans son discours. «J'attache une grande importance à la participation des maires de France, dit-il. Je pense par exemple à l'interdiction de circulation des personnes et des véhicules dans des lieux donnés. Seuls les maires peuvent nous donner ces précisions.» Le ministre de l'Intérieur, poursuit-il, «a demandé aux préfets d'organiser dans tous les départements des réunions avec les maires afin de les informer de façon précise sur l'état de la menace terroriste, sur la présence des individus dangereux et sur les mesures de sécurité que l'Etat est amené à prendre».

Au début de la séance, André Laignel, vice-président (PS) de l'AMF, avait appelé avec vigueur à «la préservation des 36 000 communes de France». Sans doute n'avait-il pas vu que le scénario avait été modifié.