La mesure est symbolique mais, issue de l’extrême droite, elle ferait tache à gauche. Comme il l’a annoncé lundi, François Hollande souhaite étendre les conditions permettant de déchoir un binational de sa nationalité française. Aujourd’hui, la mesure ne concerne que les personnes condamnées pour des actes de terrorisme ayant été naturalisées depuis quinze ans ou moins. Désormais, un Français binational, quel que soit le mode d’acquisition de sa nationalité (naissance ou naturalisation), pourra perdre sa citoyenneté française.
Pour Manuel Valls, il s'agit de viser ceux qui «rompent leur lien avec la République». Le sujet ne figure pas dans la loi sur l'état d'urgence, mais il est très présent dans le débat public. L'exécutif souhaite passer par une révision de la Constitution. Un choix que ne comprend pas le constitutionnaliste Dominique Rousseau : «Le Conseil constitutionnel ne s'opposerait absolument pas à une loi qui élargirait les conditions de la déchéance.»
De Matignon à Beauvau, en passant par la chancellerie, on se renvoie la balle pour expliquer cette volonté de constitutionnaliser une question de nationalité. Quant à l'efficacité de la mesure, elle reste douteuse : «On ne va pas faire peur à un type prêt à se faire sauter en le menaçant de lui retirer sa nationalité française», glisse Rousseau. Le gouvernement envisage de créer un «visa de retour» obligatoire pour les Français ou résidents en France partis faire le jihad. Ils seraient près d'un millier à avoir rejoint la Syrie et l'Irak. Mais certains, comme plusieurs terroristes du 13 novembre, sont revenus en France sans que les autorités ne s'en aperçoivent.