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Libération

Jean-Marie Le Pen, contre tous

publié le 20 novembre 2015 à 19h56

«Il n'y a pas de caméras de télévision ?» demande Jean-Marie Le Pen. Non. Dans un salon défraîchi du manoir de Montretout, l'ex-président du FN trône sous une affiche des années 80 le représentant bâillonné. Devant lui, une poignée de journalistes et quelques-uns de ses derniers fidèles. Visé par une plainte du fisc pour «fraude fiscale aggravée», l'octogénaire est soupçonné d'avoir détenu un compte non déclaré à l'étranger, via un trust géré à Genève et officiellement rattaché à son assistant personnel. Il a vu son bureau et son domicile perquisitionnés, un vieux coffre-fort «plus que centenaire» défoncé par les enquêteurs. Et se juge victime d'un complot d'Etat.

Le vieux tribun s'en prend aux «sycophantes du système, au site Mediapart du trotskiste Plenel», qui a le premier révélé les soupçons à son encontre. Les poursuites ? «Une arnaque politicienne, une diffamation d'Etat […], la technique habituelle des dictatures bananières.» Pire : «Mon cas n'est qu'un de ces faits divers qui révèlent au public la profonde dégradation de nos institutions, plus généralement celle de la France et de l'Europe, pourtant menacées de submersion migratoire.»

Le cofondateur du FN déroule alors un programme en neuf points comprenant la suppression du droit du sol, une politique nataliste ou le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes «avec décapitation, comme le fait Daech». Vaste programme, qui n'engage que lui. Depuis le 20 août, «JMLP» n'est plus membre du FN. Toujours en conflit juridique avec le parti, le «Vieux» estime demeurer le président d'honneur. «J'ai été sacrifié sur l'autel de la pensée unique par les sicaires de la mafia hétérophobe», fulmine-t-il, visant le vice-président Florian Philippot et ses proches.Seul contre tous, Le Pen va même trouver un adversaire dans la salle. Un homme qui se présente comme journaliste pour «une petite agence de presse panafricaine» interpelle Le Pen. La discussion s'envenime. Le contradicteur est évacué sous les yeux d'un public gêné.