Menu
Libération
Diplo

Contre l'EI, Hollande fait la tournée des alliés

Le chef de l’Etat multiplie les entretiens diplomatiques, avec une stratégie amendée.
David Cameron et François Hollande, lundi à Paris. (STEPHANE DE SAKUTIN. AFP)
publié le 23 novembre 2015 à 19h36

Explication de texte avant travaux pratiques. L'Elysée a fixé lundi le cadre de la semaine diplomatique de François Hollande, opérant un léger virage sur l'aile sur deux points importants de l'agenda français. Alors que le chef de l'Etat avait évoqué dans son discours devant le Congrès, à Versailles, une «coalition unique» contre le groupe Etat islamique il y a une semaine, ses rendez-vous de la semaine, de Washington à Moscou, sont désormais destinés à mettre en place la «coordination internationale la plus étroite possible pour frapper le plus intelligemment possible» les fiefs de l'Etat islamique en Syrie et en Irak.

Exit la coalition occidentale contre un ennemi au Moyen-Orient, qui rappelait trop la réponse des conservateurs américains après le 11 Septembre. «Si vous voulez parler de coalition, c'est une coalition avec nous, pas derrière nous», nuance un diplomate français. Ensuite, si la Russie est devenue un partenaire incontournable, il n'est plus question pour Paris de faire passer le départ de Bachar al-Assad au second plan, comme le laissait entendre Hollande en personne dans son discours de Versailles. Car sans un calendrier (et un discours) clair sur le départ du dictateur syrien, Paris risquerait de se priver du soutien des pays du Golfe et de la Turquie. D'où la réécriture. «On n'adopte pas Bachar et on n'abandonne pas l'Ukraine. On veut juste taper Daech ensemble», s'énerve un conseiller présidentiel, interrogé sur les éventuelles contreparties réclamées par Vladimir Poutine pour intensifier ses opérations militaires contre l'organisation terroriste.

Pour certains proches du chef de l'Etat, il faudra pourtant en passer par la levée des sanctions contre la Russie pour que Moscou accepte, notamment, de ne plus frapper les forces d'opposition à Al-Assad, principales cibles de l'aviation russe jusqu'à cette semaine. Poutine, que Hollande rencontrera jeudi, a certes demandé à son état-major de «travailler avec les Français comme des alliés», mais il reste de très nombreux points à éclaircir.

Auprès de Barack Obama, à Washington, le président français veut également obtenir une évolution sur le plan militaire. «On n'y va pas juste pour être accueilli en allié blessé», fait valoir un diplomate. Entre ses deux voyages express, Hollande doit dîner avec Angela Merkel - il devrait être question de réfugiés et de soutien logistique. Puis petit-déjeuner avec Matteo Renzi, le président du Conseil italien, qui «ne veut pas d'une Libye bis» en Syrie.

Lundi matin, la course d'obstacles du président français a commencé par un tête-à-tête avec le Premier ministre britannique, David Cameron, qui a besoin du feu vert de son Parlement(lire ci-contre). Paris «travaille à faire augmenter les chances» de faire valider cette opération militaire par Westminster. Lors d'une conférence de presse avec Cameron, Hollande a promis d'intensifier les frappes en Syrie et de «choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possible à cette armée terroriste».

Grâce à un dîner dimanche prochain avec le président chinois, Xi Jinping, à la veille de l'ouverture de la COP 21 où 140 chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus, Hollande aura donc vu les cinq membres du Conseil de sécurité de l'ONU en une semaine. «Les Français trouvent ça normal, sourit un proche du Président. Mais cela n'allait pas de soi du tout dans le monde policé des relations internationales.»