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Au FN, une campagne de moins en moins régionale

Les élus FN à la loupedossier
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En meeting à Hayange (Moselle), Marine Le Pen et Florian Philippot ont consacré l'essentiel de leur intervention aux enjeux post-13 Novembre et à l'Islam.
Marine Le Pen, Florian Philippot et Fabien Engelmann en meeting à Hayange le 25 novembre. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 25 novembre 2015 à 20h56

Peut-on encore parler d'une campagne «régionale» ? En meeting mercredi soir à Hayange, commune FN de Moselle, Marine Le Pen n'a pas eu un mot pour les enjeux locaux. La présidente frontiste venait soutenir son bras droit Florian Philippot, tête de liste dans le Grand Est. Les quelque trente minutes de son discours ont été toutes entières consacrées aux conséquences des attentats du 13 Novembre, et aux propositions régaliennes du FN – avant tout le rétablissement des frontières nationales. Lundi soir à Amiens, sur sa propre terre d'élection Marine Le Pen n'avait pu éviter quelques généralités sur les compétences régionales. Une contrainte qui a sauté mercredi, loin de la région Nord-Picardie.

Forcé à une approche plus locale, Florian Philippot a pourtant centré sur discours sur les mêmes problématiques, promettant notamment d'empêcher la construction d'une grande mosquée à Strasbourg, de supprimer les subventions aux «associations communautaristes», de «détecter les signes de radicalisation islamiste dans les lycées». Le vice-président frontiste a été prodigue en engagements symboliques, voulant «faire pression pour une taxe sur les poids lourds étrangers», organiser un «référendum sur l'accueil des migrants», ou encore souhaitant que sa région soit «placée symboliquement hors» du futur traité de libre-échange transatlantique.

«Les gens se fichent un peu des enjeux locaux», résumait franchement un cadre frontiste la semaine passée. Polarisant les débats autour de sujets nationaux, les attentats du 13 Novembre permettent au FN d'assumer son propre tropisme régalien. Le parti lepéniste est en position très favorable dans le Grand Est, où un récent sondage Odoxa le place en tête au premier tour, avec 32% des voix contre 30% à la liste de droite menée par Philippe Richert. Au second tour, le frontiste serait battu avec 35% des voix contre 37% à la droite – un écart se situant dans la marge d'erreur.

Le meeting a été ouvert par le maire d'Hayange, Fabien Engelmann. Seul édile frontiste dans l'est de la France, celui-ci a promis de «garder le cap malgré certains félons». Depuis 2014, plusieurs élus FN ont en effet quitté la majorité municipale, fustigeant un management jugé «dictatorial» et les turpitudes financières de l'édile. Si le Conseil d'Etat a reconnu certains manquements liés à la campagne municipale, il a, en juin, jugé ceux-ci insuffisants pour faire annuler le scrutin.

Plus tôt dans l'après-midi, une cinquantaine de membres du collectif «Hayange, plus belle ma ville» se sont réunis devant le monument aux morts de la commune. Marquée à gauche, l'association veut incarner la «résistance» au parti lepéniste. Son président, Gilles Wobedo, a invité les participants à arborer sur eux un petit triangle rouge, signe des prisonniers politiques sous le nazisme.