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Libération
Critique

à partir de 5 ans

par L.Br. J.L. Q.G.
publié le 26 novembre 2015 à 20h26

Parce que la justice, l'égalité ou le respect sont des valeurs universelles, des contes venus du monde entier (Burkina Faso, Italie, Scandinavie ou des indiens Cherokee) répondent à ces Questions des tout-petits sur les méchants. Les séquences sont dessinées par deux illustratrices différentes pour séparer la vie d'aujourd'hui, où des petits interrogent leurs parents (et grands-parents) sur des scènes de la vie de tous les jours, et la sagesse d'antan, quand des dragons ou des magiciens apportent leur lot de réponses. Oscillant entre pédagogie et philosophie, l'ouvrage est sorti en janvier. Il parle de la guerre, pas formellement des attentats. Mais puisqu'il y est question à chaque page du sentiment d'injustice et du besoin de justice, de la lutte entre le bien et le mal et de l'importance de l'éducation et du respect de l'autre, il fait plus que l'affaire.

Tim est un mignon petit Anglais, proche de son grand-père, qui l'emmène parfois sur une île superbe remplie de perroquets, de cascades et de végétation luxuriante - on se croirait dans Paul et Virginie.

On y est si bien, sur cette île merveilleuse, qu’un jour Papy lui annonce, ô surprise, qu’il compte bien y rester. Pour toujours. Et que si Tim doit reprendre la route, il le fera seul. Mais pas d’inquiétude, et pas de tristesse, car Papy sera là. Par la pensée… Alors Tim fera le voyage en sens inverse, bravant la tempête et affrontant la solitude. On s’attarde sur la mine bonhomme de Capitaine Papy, le regard si touchant et interrogateur de Tim, sur la multitude de détails et de couleurs de cet album. Il évoque le deuil, l’absence et le manque par touches délicates et efficaces, si bien que subsiste, une fois la lecture achevée, une songeuse mélancolie.

C'est un album essentiel depuis vingt ans pour parler de la guerre aux enfants. Flon-Flon et Musette, deux petits lapins, passent leurs temps à jouer ensemble. Mais, un jour, le papa du premier lit dans le journal que la guerre est arrivée. Le récit, qui évoque par sa date de publication, 1993, les événements en ex-Yougoslavie est un mélange de Roméo et Juliette et de la Peste, de Camus. Malgré les affrontements, Flon-Flon veut toujours jouer avec son amie, mais sa mère lui dit que ce n'est pas possible. A la place du ruisseau qui les séparait, une haie d'épines se dresse désormais. La guerre finit par s'arrêter. Pourtant, la haie d'épines reste. Le papa dit à Flon-Flon : «La guerre ne meurt jamais mon petit. Elle s'endort seulement de temps en temps. Et quand elle dort, il faut faire très attention à ne pas la réveiller.» Le lapinot décide de braver l'interdit, part dans la neige, retrouve Musette. Ils se saluent en se frottant le nez comme les Inuits, c'est mignon, ça fait du bien.