Au cœur du malheur, lutter contre des malheurs à venir. Vendredi, le bel hommage de la République aux victimes du 13 Novembre a ému un pays recueilli. Demain, le même pays, la même ville, accueilleront les chefs d’Etat du monde entier réunis pour conjurer la menace climatique. Par la tragique coïncidence des événements, le chagrin et l’espoir se sont donné rendez-vous à Paris pour en faire la capitale d’un monde déchiré. Deux épreuves différentes, proches et lointaines à la fois, le terrorisme dont on sait qu’il n’a pas fini son œuvre de destruction, le dérèglement climatique dont il est désormais établi qu’il peut imposer à la génération nouvelle des épreuves tout aussi dramatiques. Choisissons l’espoir… Aussi inquiets qu’on soit pour le sérieux des engagements qui seront pris lors de cette COP 21, il faut saluer le remarquable effort que constitue cette réunion mondiale, où la planète entière se penche à son propre chevet. Grâce à une prise de conscience remarquable, on peut raisonnablement tabler sur la volonté commune de limiter le réchauffement du globe à deux degrés ou un peu plus, objectif encore insuffisant mais qui doit être compris comme une étape utile dans le processus de maîtrise collective lancé par les représentants de l’humanité tout entière. Avec ce regret toutefois : l’état d’urgence, dont la durée et les modalités doivent être désormais questionnées, empêche de facto l’expression libre de la société sur ce péril qui la concerne au premier chef. Fallait-il interdire toute manifestation ? Fallait-il user des pouvoirs exceptionnels conférés par l’impératif antiterroriste pour arrêter préventivement des militants écologistes ? Une COP sous cloche remplira-t-elle pleinement sa mission ? Comme l’a dit François Hollande, la France luttera en restant elle-même, c’est-à-dire libre. La maxime vaut pour la lutte contre le réchauffement autant que pour le combat contre le fanatisme.
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