Ce devait être un rassemblement pour «braver l'état d'urgence» et faire pression sur les gouvernements réunis à Paris pour la COP 21. De climat, il n'a guère été question dans la bouche de plusieurs centaines de personnes, venues cagoulées et masquées, et qui ont tenté d'en découdre avec les forces de l'ordre dimanche après midi sur la place de la République. La situation a dégénéré peu avant 14 heures, quand un cortège improvisé a tenté d'emprunter l'avenue de la République, derrière une banderole de plusieurs organisations anarchistes. Après un face-à-face tendu d'une vingtaine de minutes avec les CRS, les manifestants ont entrepris de faire le tour de la place, se heurtant à chaque artère à une haie de policiers.
Chaîne humaine
Parmi les slogans, «Police partout, justice nulle part», «Etat d'urgence, on s'en fout, on ne veut pas d'Etat du tout», «Police nationale, police du Capital» ou encore «Flics, porcs, assassins». Aux lancers de projectiles divers, les CRS ont répliqué par des charges et des tirs de grenades lacrymogènes, qui ont noyé la place de la République sous un brouillard âcre et piquant pendant près d'une heure. Certains des militants violents sont allés se servir sur le mémorial aux victimes des attentats pour récupérer des projectiles, bougies ou pots de fleurs. En réponse, d'autres manifestants, plus modérés, ont formé une chaîne humaine autour de la statue-mémorial pour la protéger.
Une chaine humaine se forme autour de la statue place de la République pic.twitter.com/TzPJchpea4
— Gabriel Siméon (@gabsimeon) November 29, 2015
Pendant ce temps, un gros millier de personnes continuait à scander des slogans pour la défense du climat, avant de s'extirper progressivement des lieux. «A la base, on devait marcher pour le climat, mais ça a dégénéré. On est déçus que le message climatique ait perdu de sa portée, racontent Lucas et Charlotte, deux jeunes d'une vingtaine d'années en service civique dans la région. Mais c'était important de venir, la rue est notre seul espace d'expression.» Peu après 15 heures, les fourgonnettes de la police ont commencé à investir la place de la République pour évacuer les manifestants encore présents.
Mais la place ne s'est pas vidée. Tandis qu'un groupe d'une cinquantaine de personnes, cernées contre un mur par les CRS, scandait «Plus chaud, plus chaud le climat !», la foule réunie tout autour entonnait des «Libérez nos camarades». Le face-à-face s'est longtemps poursuivi, jusqu'à l'interpellation au compte-gouttes peu après 16 heures. Les personnes arrêtées étaient ensuite placées dans un bus de la police. Acant 20 heures, la préfecture de police de Paris parlait de 208 interpellations et 174 garde à vue. Vers 18h30, la préfecture de police avait envoyé un mail à des journalistes accompagné d'une photo censé montré des projectiles envoyés vers les forces de l'ordre pendant la manifestation : cailloux, bougies, bouteilles, ainsi qu'un marteau.
Mail lapidaire @prefpolice: "Photo de projectiles lancés contre les forces de l'ordre place de la République" pic.twitter.com/YJ26ffNFU0
— SylvainMouillard (@SMouillard) November 29, 2015
Depuis Bruxelles, en marge d'un sommet de l'Union européenne avec la Turquie, le président français François a fustigé l'action «scandaleuse» d'«éléments perturbateurs qui n'ont rien à voir d'ailleurs avec les défenseurs de l'environnement», et dénoncé des incidents «regrettables».
La journée avait commencé très tôt dans le secteur. Ainsi, dès 6 heures du matin ce dimanche, les bénévoles de l'ONG Avaaz ont installé sur la place de la République des milliers de paires de chaussures. Une action symbolisant la détermination de la société civile à faire pression sur les chefs d'Etat du monde entier, qui ouvriront lundi la COP 21. Et à peser pour aboutir à l'accord le plus ambitieux possible afin de lutter contre le réchauffement climatique. Puis, en fin de matinée, une chaîne humaine s'est mise en place entre République et Nation, réunissant des milliers de personnes. A l'origine, une manifestation devait se tenir sur ce tracé, mais elle a été annulée à la suite des attentats du 13 novembre.
La foule s'est dispersée dans le calme vers 12 h 30, tandis que des actions continuaient place de la République. Clowns activistes et autres activistes s'en prenaient notamment à la volonté des autorités de «museler le mouvement social» en interdisant les manifestations et en assignant à résidence de nombreux militants écologistes.
Happening des clowns activistes à République, visant le "Gouvernoument". pic.twitter.com/6W0bigURfj
— SylvainMouillard (@SMouillard) November 29, 2015