Six mois avant que la série Master of None ne vienne enchanter notre hiver, son créateur et acteur principal Aziz Ansari (Parks and Recreation) avait déjà révélé, à travers un essai de sciences sociales, la justesse de son regard sur la génération «Yelp & Tinder» dont il est le parfait rejeton. Son thème favori : l'abondance des options qu'offre notre société de consommation, qu'elles soient sexuelles, romantiques ou alimentaires, et rendues disponibles à l'envi grâce aux applications sociales.
Dans Master of None, le très exigeant Dev, incarné par Ansari, ne peut tirer que de la frustration de ce tout-disponible, capable de perdre des heures à la recherche du meilleur Taco de New York via Internet et d'arriver trop tard pour le déguster. Une difficulté de s'engager qui affectera jusqu'à son parcours sentimental. Entouré d'excellents seconds rôles, Ansari traite également sans finesse mais avec douceur des limites quotidiennes à cette apparente liberté : le sexisme, le harcèlement, l'isolement des vieux, les minorités ethniques… Mettant en avant d'épatants personnages féminins, et un héros masculin aux antipodes des codes virils habituels, Master of None propose une mignonnerie bienvenue et cultivée.