Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, proche du Front national, a annoncé mardi la prochaine création d’une «garde biterroise», faite de bénévoles qui patrouilleront dans les rues de la ville pendant la durée de l’état d’urgence, mais cette initiative a été critiquée par le préfet de l’Hérault.
«Vous êtes ancien policier, ancien gendarme, ancien militaire, ancien pompier, rejoignez la garde biterroise», proclame une affiche qui sera placardée à partir de jeudi dans la ville.
Je lance la Garde Biterroise, en renfort de la police municipale, une première en France. pic.twitter.com/VNEKhuZbBY
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) December 1, 2015
Soulignant que l'initiative de Ménard n'a fait «l'objet d'aucune concertation préalable avec les services de l'Etat, ni de délibération du conseil municipal de la ville», le préfet de l'Hérault Pierre de Bousquet a demandé au maire de Béziers «de renoncer à son initiative» et «dissuade les éventuels candidats de se porter volontaire à ces fonctions». «Les missions de sécurité publique assurées par les maires sont encadrées par des dispositions législatives et réglementaires, qui prévoient que les personnels intervenant doivent être des fonctionnaires territoriaux agréés par le représentant de l'Etat et le procureur de la République», rappelle le préfet dans un communiqué.
Cette «garde biterroise» ne sera pas armée, mais sera en contact radio avec le PC de la police municipale de Béziers, avait auparavant expliqué Robert Ménard, lors d'une conférence de presse. Le recrutement ne concernera «que des gens qui ont une expérience dans la sécurité» et commencera jeudi, avait-il précisé.
«Pour un meilleur quadrillage de Béziers»
La «garde biterroise» sera chargée de signaler tout acte suspect, a expliqué la mairie, et a vocation à exister tant que l’état d’urgence sera maintenu. Elle effectuera des patrouilles pédestres et des gardes statiques devant les bâtiments publics et les écoles, a détaillé le maire de Béziers.
«La France vit des moments difficiles. C'est dans ce cadre que je me suis demandé comment renforcer la sécurité et comment aider la police municipale et nationale. J'ai donc décidé la mise en œuvre de la garde biterroise qui répond à la nécessité d'augmenter le nombre de patrouilles pour un meilleur quadrillage de Béziers», a déclaré Robert Ménard, au cours de sa conférence de presse.
«Il est inquiétant de mettre une tenue sur des bénévoles. Cela prouve à mon sens que Robert Ménard n'a pas assez d'hommes sur le terrain, alors qu'il s'est glorifié de l'efficacité de sa police», a réagi auprès de l'AFP Bruno Bartocetti, délégué régional du syndicat SGP Unité police. Même si cette situation est exceptionnelle, j'estime qu'il faut laisser les professionnels travailler. Une police doit fonctionner de manière statutaire et encadrée. Je crains que les retraités soient un peu en décalage par rapport à tout cela.».
Depuis son élection à la mairie de Béziers en mars 2014, Robert Ménard a été à l’origine de plusieurs polémiques, notamment pour avoir annoncé le pourcentage d’élèves de confession musulmane dans les écoles publiques de sa ville, instauré un couvre-feu dans certains quartiers pour les mineurs de moins de 13 ans non accompagnés, ou organisé une campagne d’affichage faisant d’un énorme pistolet le «nouvel ami» de la police municipale.