«On est un peu diminués par l'état d'urgence», souffle Bassirou Tandjigora, l'un des salariés de la société de nettoyage OMS Synergie, prestataire du bailleur social Paris Habitat. En grève depuis soixante-treize jours, ils étaient, avant le 13 novembre, une cinquantaine à tenir le piquet de grève devant un HLM du XXe arrondissement, où ils s'activent, d'habitude, à sortir les poubelles ou nettoyer les cages d'escalier. «Mais suite aux attentats, les interdictions liées à l'état d'urgence ont compliqué notre action. On ne pouvait plus se réunir en nombre ou manifester», explique le représentant syndical Sud. Les grévistes ont donc dû s'adapter : «Les trois premiers jours, on est restés chez nous pour exprimer notre respect aux victimes, puis on est revenus. Maintenant, on est cinq, dix, pas plus, autour du piquet de grève. Et à 19 heures, on démonte tout.»
En vigueur depuis les attentats, l'interdiction absolue de manifester sur la voie publique en Ile-de-France a depuis pris fin, comme prévu, dans la nuit de lundi à mardi. Mais la préfecture de police de Paris peut toutefois encore prendre des mesures ponctuelles. Entre-temps, sept salariés grévistes d'OMS Synergie ont repris le travail. «La situation de ces derniers jours a créé des inquiétudes, il faut dire que cela commence à faire long pour certains», explique le syndicaliste.
Reste l'espoir pour les salariés que la procédure de médiation, décidée par la justice début novembre pour trouver une issue au conflit, débouche sur un accord satisfaisant. «Nous avons pu exposer nos demandes à la médiatrice, qui a aussi vu la direction. Nous sommes désormais tous convoqués, salariés et représentants de l'entreprise, jeudi 3 décembre, pour finaliser la procédure», raconte Bassirou Tandjigora.
Quelle sera l'issue? «On ne sait pas encore, mais selon la médiatrice, quatre des six points que nous avons mis sur la table pourraient être acceptés par OMS Synergie.» Depuis plus de deux mois, ils demandent la revalorisation de leurs qualifications et de leurs salaires, proches du Smic pour beaucoup, et ce malgré plusieurs années d'ancienneté sur le poste. Autres revendications : le changement de la date de versement de leur paye – qui, pour l'heure, ne tombe qu'autour du 13 du mois –, l'obtention d'une prime de salissure et d'un treizième mois, la distribution d'équipements adaptés et la mise en place de la subrogation, soit le maintien de salaire assuré par l'employeur en cas d'arrêt maladie.