Djamal Sebaâ 30 ans Tué le 13 novembre
On ne savait rien de Djamal Sebaâ ou presque. Avait-il un prénom ou un double prénom, Djamal-Ediin ? Quel âge avait-il, 30 ou 31 ans ? On ne savait pas non plus où il était mort exactement. Il ne se trouvait ni à une des terrasses visées par les terroristes ni au Bataclan. On pensait qu'il était sans papiers, vivant clandestinement en France depuis un an. Il n'avait, enfin, aucune visibilité numérique. N'ayant ni page Facebook ni compte Twitter, il n'avait laissé aucune trace sur Internet jusqu'au vendredi 13 novembre. Pour avoir des éléments sur sa vie, il fallait se tourner vers l'Algérie, mais sa famille restait injoignable et il fallait se contenter d'une source indirecte. Ce que l'on sait de Djamal Sebaâ tient en peu de mots. Son prénom était Djamal, Edin n'étant qu'un deuxième prénom noté sur son passeport français. Loin d'être sans papiers, il disposait en effet d'un passeport délivré en Algérie par les autorités françaises. La lecture de sa pièce d'identité révèle un terrible détail, puisqu'il est mort à la veille de ses 31 ans. Il était en effet né le 14 novembre 1984 à Aïn Touila, dans la wilaya de Khenchela, au sud-est de Constantine. Selon des informations recueillies par El Watan, à Kenchela, il suivait une formation de pâtissier, dans l'Oise. Le lieu où est mort Djamal Sebaâ reste difficile à déterminer. La préfecture de police de Paris et le parquet se refusant à évoquer cette question publiquement, il aurait été dit à la famille qu'il était mort sur le boulevard Voltaire d'une balle perdue. Son corps a été rapatrié pour être enterré à Aïn Touila. Ph .D.
Claire Maîtrot-Tapprest 23 ans Tuée au Bataclan
A l'aube de ses 24 ans, Claire Maîtrot-Tapprest a été abattue dans la fosse du Bataclan. Originaire de la région parisienne, elle était étudiante à l'école de commerce de Reims (Neoma), comme Marie Lausch, tuée elle aussi. Claire Maîtrot-Tapprest, qui aimait les concerts et le yoga, avait aussi obtenu une licence de philosophie à l'université de Champagne-Ardenne, «poursuivie par un master qu'elle venait de soutenir brillamment début septembre», a écrit un professeur.Ex-élève du lycée Louis-le-Grand puis khâgneuse au lycée Chaptal, elle a été inhumée le 27 novembre. F. Rl
René Bichon 62 ans Tué à la Belle équipe
René Bichon, 62 ans, vivait à Paris et était originaire de Saint-Amand-Montrond (Cher). Le 13 novembre, il était à la terrasse de la Belle Equipe. «Le XIe arrondissement, c'était son fief, raconte Marc, son ami depuis quarante-cinq ans. Il se sentait bien dans ce quartier où il aimait s'amuser, bien manger et boire un verre. Grand optimiste, il ne prenait jamais les choses trop au sérieux.»Ex-serrurier, il avait été décorateur de théâtre et de cinéma, avant d'intégrer le secteur immobilier. Sur la photo, prise alors qu'il s'occupait de la décoration d'une discothèque, «on voit bien son côté drôle», souligne Marc. «C'était un mec bien, bourré d'humour, se souvient Pierre Setbon, son cardiologue. Dans mon cabinet, il disait toujours «bonjour docteur, ici un grand malade du cœur. Est-ce que je vais mourir ?» Bien souvent, les gens ne meurent pas de ce qu'ils craignent.» René était un «bon vivant, à la gouaille incomparable du poulbot parisien», témoigne Pierre, un ami. Un autre lui a écrit un dernier mot : «Adieu mon ami René, tu étais un homme d'une grande gentillesse.» A. Ca.
Aurélie de Peretti 33 ans Tuée au Bataclan
Originaire de Saint-Tropez, Aurélie de Peretti s'était programmé un week-end à Paris en récompense d'une saison de six mois de travail dans un restaurant. Passionnée de musique, elle avait prévu d'aller assister à trois concerts, dont celui du Bataclan, où elle a été fauchée à 33 ans. Elle s'y trouvait avec son amie Elodie, grièvement blessée. Infographiste formée à Aix-en-Provence et Sophia-Antipolis, Aurélie de Peretti avait une personnalité enjouée, créative, elle pratiquait le dessin, la guitare, le piano. A l'initiative de sa sœur Delphyne, de vingt-trois mois son aînée, son cercueil a été décoré par des street-artistes ; Saint-Tropez lui a rendu hommage le 26 novembre. Ce jour-là, son père, Jean-Marie de Peretti, s'est adressé à sa fille perdue dans le quotidien Var Matin, où il a longtemps travaillé : «Aurélie ma fille, notre fille, jamais je n'aurais pensé que tu disparaîtrais si jeune, et que je signerais ces lignes. J'en ai rédigé des nécrologies en cinquante ans de carrière. Mais qui pouvait imaginer que j'écrirais la tienne ?» F. Rl
Nathalie Lauraine 39 ans Tuée au Bataclan
Franco-russe, Nathalie Lauraine travaillait pour Winpharma, un éditeur de logiciels de gestion informatique pour les pharmaciens. Cette mère de trois enfants a été tuée au Bataclan. Son mari, sur place avec elle, a été blessé pendant l'attaque. Elle aurait eu 40 ans le 30 décembre. M. K.
Justine Dupont 34 ans Tuée à la Belle équipe
Justine Dupont était responsable d'une résidence sociale dans le XXe arrondissement de Paris. Elle était à la Belle Equipe, rue de Charonne, avec des amis. J. L.
Stéphane Grégoire 46 ans Tué au Bataclan
Il venait de fêter son anniversaire. Et s'était rendu au Bataclan avec quatre amis. Atteint de plusieurs balles, Stéphane Grégoire, qui travaillait dans la musique en tant que chargé de promotion commerciale, est décédé la semaine suivante des suites de ses blessures. Son ami Frédéric Henninot a, lui aussi, été fauché par les tueurs. Marié, père d'une petite fille, Stéphane Grégoire habitait Nucourt, dans le Val-d'Oise, où les habitants lui ont rendu hommage dans la cour de la mairie. C. Ma.
Nohemi Gonzalez 23 ans Tuée à la Belle équipe
Originaire d’El Monte, en Californie, Nohemi Gonzalez, Américaine et Mexicaine de 23 ans, était à Paris dans le cadre d’un échange universitaire, à l’école de design Strate de Sèvres. L’aboutissement d’un rêve pour cette étudiante en design, «étoile brillante», selon l’un de ses anciens professeurs à Long Beach. A ses amis, Nohemi Gonzalez n’a eu de cesse, depuis son arrivée à Paris, cet été, de raconter son émerveillement, chaque jour, à découvrir la Ville lumière sous toutes ses coutures, entre Notre-Dame et la tour Eiffel, les musées de la capitale, ses salles de concert, son métro, ses bistrots.
Nohemi Gonzalez fait partie des 19 personnes tuées à la Belle Equipe. Elle était attablée en terrasse avec un groupe d'amis quand les tueurs sont arrivés. Un proche de la jeune femme, présent au moment de l'attaque, mais qui a réussi à s'échapper, a écrit ce billet sur Facebook : «Tu étais la plus joyeuse, pétillante, serviable et honnête personne que je connaissais. Je te suis reconnaissant d'avoir été une camarade et une vraie amie pour moi. Repose en paix. J'ai espoir que le paradis déborde de bébés carlins pour toi.» Décrite par son petit ami comme «la plus douce des jeunes femmes», Nohemi Gonzalez devait rentrer aux Etats-Unis fin décembre. T.B.
Cécile Martin 33 ans Tuée au Bataclan
Psychologue clinicienne et mère d'une petite fille, Cécile Martin a été tuée au Bataclan. C.Ma.
Christopher Neuet-Shalter 39 ans Tué au Bataclan
Christopher Neuet-Shalter trouvait sa vie magnifique. A tel point, qu’il disait parfois à Catherine, sa compagne, que si tout s’arrêtait, il ne faudrait pas être trop triste, tant il avait eu de la chance jusqu’alors. «Cath», comme il aimait l’appeler, ne manquait pas alors de l’engueuler. Aujourd’hui, elle se souvient de cette petite phrase et du sourire qu’il avait toujours sur les lèvres, «même quand ça n’allait pas». Ou encore de sa manière de «vivre l’instant présent à fond». Alors, à son tour, elle essaye de sourire et raconte leur quotidien «beau, agréable, doux», leurs balades dans Paris, ville qu’il adorait, leurs vacances à Pornichet, sur la côte Atlantique, où il pouvait nager des heures, et leur voyage, l’an passé, à New York, avec Juliette, leur fille de 11 ans. Ils s’étaient dit qu’ils y retourneraient quand elle aurait 21 ans pour faire la tournée des bars. «C’était le bonheur.»
Formateur en marketing numérique, Christopher Neuet-Shalter vivait à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et était passionné par son métier. «Il avait plein de projets et venait de recevoir le numéro Siret de la société qu’il était en train de créer. Il voulait devenir indépendant pour transmettre ce qu’il aimait, mais aussi pour gérer sa journée librement et profiter de sa fille», raconte sa compagne. «Bienveillant, papa très présent et excellent cuisinier», il s’activait tous les jours aux fourneaux et avait «toujours une attention» pour sa famille. «Quand on avait besoin de lui, il était là : entier, franc-jeu, intelligent et hyper droit dans ses baskets, raconte Sabrina, sa meilleure amie. Il allait au fond des choses et s’intéressait à tout.» Sur Facebook, ses proches se souviennent de son «sourire ravageur», de sa «façon de rougir» après une blague gênante et de son «incapacité à faire du mal à une mouche». Au sens propre. «Sur notre terrasse, l’été, il faisait fuir les bestioles avec une pelle et ne les tuait surtout pas ! C’était un passionné de la vie en général», poursuit Catherine.
Baroudeur, touche-à-tout, il était secouriste et adepte d’arts martiaux. Il aimait aussi boire un Picon bière en refaisant le monde, jouer au baby-foot ou regarder un match dans un bar de Levallois, la ville de son enfance. Et puis, il était fou de musique. «Elle était omniprésente chez lui», note Jocelyn, son ancien collègue, avec qui il jouait parfois du cajón, «juste pour le plaisir». Dans ses oreilles, il y avait du rock, comme celui d’Eagles of Death Metal qu’il était venu écouter, vendredi 13 novembre, avec Geoffroy, son meilleur ami, au Bataclan. Et des tas de groupes éclectiques qu’il s’empressait de faire découvrir aux autres : Balthazar, Jason Mraz, Jeff Buckley. Ou encore Pearl Jam, et sa chanson Bee Girl, dont il fredonnait les paroles à sa fille avant même sa naissance: «You know time is long, and life is short. Begin to live while you still can.»
Ses amis ont ouvert une collecte en ligne pour soutenir sa famille. A.Ca.
Juan Alberto González Garrido 29 ans tué au Bataclan
Né à Grenade, grandi à Madrid, Juan Alberto González Garrido, a été tué au Bataclan. Cet ingénieur espagnol de 29 ans, diplômé de l'Universidad Pontificia Comillas à Madrid, travaillait à EDF au Conseil national d'évaluation des normes, tout en suivant un MBA à HEC. Passionné de culture, il vivait à Paris avec sa femme Angela Reina, une ingénieure chimiste. Le 13 novembre, elle était à ses côtés au concert et est convaincue qu'il a cherché à la protéger en bougeant ses jambes pour lui couvrir la tête. Les obsèques de «Juanual» se sont déroulées le 20 novembre à Grenade. F.Rl
Cédric Ginestou 27 ans Tué à la Belle Équipe
Originaire de Laval, Cédric Ginestou, 27 ans, fait partie des victimes de la terrasse du restaurant la Belle Equipe, rue de Charonne. Après ses années de collège et de lycée à Laval, filière scientifique, ce passionné d'histoire poursuit ses études à l'Ecole supérieure de commerce de Bordeaux, dont il sort diplômé en 2012. Il décide alors de s'installer à Paris. Il travaille dans différentes entreprises avant d'intégrer en début d'année un cabinet de conseil en management à un poste de consultant en innovation. En dehors de ce brillant cursus scolaire et professionnel, il aimait la musique, jouant lui-même du piano et de la guitare, et les voyages. Il était parti en Nouvelle-Zélande il y a un an puis, cet été, avait bourlingué en Argentine. Ses amis et collègues décrivent un jeune homme à la fois réservé et ouvert, cultivant un grand sens de l'autodérision, et en même temps très impliqué dans les causes qui lui semblaient justes. Il faisait de fréquents retours à Laval où il avait gardé de nombreux amis et surtout sa famille. «J'ai eu la chance de travailler avec Cédric au démarrage de sa carrière de consultant. Attachant, honnête, travailleur, gentil. C'est comme ça que je le vois», a écrit un collègue sur une des pages internet consacrées aux victimes. D. P.
Isabelle merlin 44 ans tuée au Bataclan
Isabelle Merlin, amatrice de musique originaire d'Equihen-Plage (Pas-de-Calais) était ingénieure chez Continental, à Rambouillet. Interrogé par le Parisien Aujourd'hui en France, le directeur de l'Académie du XIIIe, à Paris, où elle prenait des cours de musique, la décrit comme une personne «toujours présente, sympa, marrante». Elle était au Bataclan le 13 novembre. Sur Facebook, on la voit place de la République lors de la marche du 11 janvier. Sur sa casquette, l'autocollant «Je suis Charlie». J.L.
Thierry Hardouin 41 ans Tué à la Belle équipe
Thierry Hardouin travaillait au dépôt de Bobigny depuis treize ans et était un policier aimé par ses collègues. Avant ce poste, il avait été adjoint de sécurité à Paris. Au tribunal, on s’en souvient comme d’une personne joviale : «Thierry était sûr de lui, il avait beaucoup d’humour et c’était quelqu’un d’apprécié par sa hiérarchie. Il apportait de la gaieté dans le service», se rappelle Romain Jumelet, un collègue. «Délégué de brigade de l’unité SGP, il n’était pas le plus impliqué syndicalement mais avait toujours envie d’aider son groupe. Thierry était un policier qui est parti ce soir-là faire la fête.»Il était sorti dîner avec sa compagne à la Belle Equipe, rue de Charonne, quand ils ont été abattus.
Le couple était sur le point de se pacser. Le policier avait recueilli Sami, le petit garçon de Marie, et le considérait comme son fils aux côtés de Léa et Quentin (12 et 13 ans), ses deux enfants. Il était guitariste autodidacte, jouait à la X-box, aimait les voyages, faisait de la photo dans Paris et postait ses recettes de cuisine sur Internet. «C'était monsieur Tout-le-Monde avec un badge et un flingue», poursuit son collègue qui a créé une collecte sur Leetchi pour aider ses enfants. Sami ira vivre chez ses grands-parents et Léa et Quentin chez leur mère. Lundi 30 novembre, 1 500 personnes sont venues se recueillir aux obsèques de Thierry Hardouin et sa compagne à l'église de Saint-Germain-des-Près. C. Me.
Michelli Gil Jaimez 27 ans Tuée à la Belle équipe
Michelli Gil Jaimez était originaire de Mexico mais possédait également la nationalité espagnole. La jeune femme travaillait à Paris depuis plusieurs années, au bar la Belle Equipe avec Hodda Saadi, une autre jeune femme tuée ce soir-là. Sur son compte Facebook, elle indiquait s'être fiancée le 26 octobre. Selon le journal mexicain El Universal, Michelli Gil Jaimez, qui a grandi au Mexique, était connue pour avoir gagné un concours de beauté dans la ville de Tuxpan. Selon un des clients de la Belle Equipe, elle était «belle, souriante, toujours radieuse, les yeux pétillants et plein d'innocence». G. K.