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Libération
Interview

Caroline Mécary avocate, conseillère de Paris «François Hollande a trahi ses électeurs»

publié le 7 décembre 2015 à 19h26

«Le basculement s’est fait avec l’élection de Sarkozy en 2007, remportée sur une supercherie programmatique. Conseillé par Patrick Buisson, il a été le premier à faire sauter la digue qui séparait la droite de l’extrême droite, contaminant le discours de la droite républicaine. Cette banalisation s’est couplée à une politique économique favorisant les classes aisées, au détriment des classes les plus souffrantes. En 2012, François Hollande était porteur d’un espoir de rupture. Il devait assurer une cohésion sociale, un vivre-ensemble apaisé. Il a trahi ses électeurs : de renoncements en capitulations, il a instauré une politique sociale-libérale, faisant le choix de l’austérité. Partout, on resserre les boulons, et le sentiment de trahison se mue en colère.

«A cela s’ajoutent le contexte particulier des attentats et la question des réfugiés. Le FN, qui a l’avantage de n’avoir jamais gouverné, ne s’embarrasse pas de la réalité des solutions à apporter. Il surfe sur ce terreau délétère avec des idées simples, désignant des boucs émissaires - les immigrés pour l’insécurité - et dédouanant le citoyen de toute responsabilité. Les "daechiens" représentent un allié objectif du FN : ils partagent un même but de division des différentes communautés qui composent la France.

«Se positionner pour combattre le Front national, c’est le mettre au cœur du jeu politique et dire la faiblesse des projets politiques de la gauche et de la droite. Pendant cette campagne, on a oublié d’aborder les compétences régionales - logement, formation professionnelle ou transports -, préférant la sécurité et l’immigration. Ces élections sont donc une sanction de la politique nationale.»