Hénin-Beaumont, c'est le meilleur résultat du FN dans les grandes villes de la région : 59 %. Huit points de plus qu'aux municipales, où Steeve Briois l'avait emporté dès le premier tour. Presque un plébiscite, à la nuance près que le taux de participation est en dessous de la moyenne régionale, quand d'habitude il est au dessus. Qu'est-ce qui fait ce succès à Hénin-Beaumont, 20 points au-dessus de la moyenne régionale ? «H énin avait un peu d'avance», soupire un salarié de la ville, hostile au FN.
Propre. Il constate que les habitants ne sont pas déçus pour l'instant. Ce qui plaît ? «Ils font des choses simples. Les gens ont une doléance, une chaussée trouée, des branches d'arbre qui gênent. Ils envoient un courrier pour dire que la demande est bien prise en compte, et à quelle date ce sera fait. Quand c'est fini, ils écrivent un courrier pour le signaler.» Ils sont «hyper présents», note le salarié. Des élus sont sur le marché, derrière une guérite - devant l'agence de la Voix du Nord, avec qui la municipalité est en froid depuis longtemps. «Sur le marché, ils écoutent les gens, ils leur causent. Bref, ils n'ont jamais cessé d'être en campagne.» Cet été, il y a eu une fête tous les week-ends, concerts au jardin public et barbecue, et Hénin-Plage avec une piscine, ce que la précédente municipalité, qui a créé Hénin-Plage, n'avait pas eu les moyens de faire. «Dans le canard municipal, raconte le salarié, ils enfoncent le clou sur le mode "eux, ils l'ont pas fait, nous, on le fait".» La ville est plus propre, plus fleurie, ça plaît. «Et quand quelque chose ne va pas, ils remettent la faute sur quelqu'un, en général l'équipe précédente, et ça marche.»
Marine Tondelier, conseillère municipale EE-LV, explique les succès d'Hénin-Beaumont par le fait que le FN a mis le paquet sur la ville, depuis longtemps. «Il y a ici une équipe de cadres nationaux dont certains présents depuis longtemps, comme Bruno Bilde, conseiller spécial de Marine Le Pen.» Elle pense aussi que le FN est arrivé aux manettes au bon moment, c'est-à-dire pas trop tôt, quand les finances de la ville avaient été laminées par la gestion de Gérard Dalongeville, l'ancien maire PS condamné ensuite à trois ans de prison pour détournement de fonds publics. Selon elle, les maires divers gauche qui lui ont succédé ont «nettoyé les écuries d'Augias», ce qui a permis à l'équipe FN de baisser les impôts qui avaient flambé pour éponger le déficit Dalongeville.
Narquoise. Steeve Briois répond «bonne gestion», et signale qu'on ne lui a laissé que des «bombes à retardement», comme des emprunts toxiques. Deux arrêtés antimendicité ont été retoqués, la Ligue des droits de l'homme privée de son local gratuit, mais les habitants n'en ont cure. Ils ne semblent pas sensibles non plus à la fébrilité de l'équipe FN, souvent narquoise, voire agressive envers ceux qui leur résistent. Dernier signe : un doigt d'honneur de Bruno Bilde à la Voix du Nord pris en photo par le journal, et révélé lundi par le Petit Journal de Canal +.