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Libération
Reportage

Des écologistes en concert à la BNP

COP21, la société civile s'engage pour le climatdossier
Accompagnés de José Bové, près de 150 militants écologistes ont investi mercredi une agence de la BNP Paribas à Paris pour dénoncer les investissements de la banque dans les énergies fossiles et le maintien de ses filiales dans les paradis fiscaux.
Le chanteur Kaddour Hadadi et Jose Bove dans une agence BNP Paribas du quartier de l'Opéra, à Paris, ce mardi. (AFP)
publié le 9 décembre 2015 à 21h00

Ce n'est pas tous les jours qu'on peut parler à son banquier en écoutant un concert altermondialiste. Ce privilège était réservé mercredi après-midi aux rares clients de l'agence BNP Paribas située place de l'Opéra à Paris, dont le hall d'accueil a été joyeusement investi par près de 150 militants d'Action non violente (ANV) et d'Alternatiba, venus dénoncer les «activités polluantes» du groupe.

Au milieu d'une foule de gilets jaunes et verts à l'effigie des deux ONG, le député européen écolo José Bové et le chanteur Kaddour Hadadi d'HK & les Saltimbanks, un fidèle d'Alternatiba, ont repris les chansons phares du groupe – «On lâche rien», «Niquons la planète» et «Sans haine, sans armes, sans violence» – pendant que trois militants déployaient une banderole aux initiales de la BNP  : «Banque Niquons la Planète».

«On est ici pour dénoncer les principaux ennemis du climat : pétroliers, banques, etc. Pour une fois, on va pas faire de tri», explique Gilles, 62 ans, venu du Gard. Dans un discours rodé, une habituée des actions de l'ANV raconte : «La BNP Paribas soutient un modèle de développement insoutenable, finance des entreprises du charbon et ose poser son logo sur la COP 21. C'est à cause de ces multinationales que les négociations patinent.»

Dans un rapport publié début novembre intitulé «Banques françaises, quand le vert vire au noir», les ONG Oxfam France et les Amis de la Terre dénonçaient les cinq principales banques françaises (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, BPCE et Crédit mutuel-CIC), qui, entre 2009 et 2014, «ont accordé 18 milliards aux énergies renouvelables contre près de 129 milliards d'euros aux énergies fossiles».

Interrogé par Libération à la fin du concert, José Bové a critiqué «le rôle des banques» et des pouvoirs publics : «Il serait très simple de réguler pour rapatrier l'argent des paradis fiscaux afin qu'il serve à financer l'adaptation des pays pauvres au réchauffement climatique. On peut trouver les 100 milliards d'euros nécessaires, c'est une question de volonté. Mais quand tous les canaux de la démocratie sont bouchés, il ne reste que la désobéissance civile.»

Contrairement au Grand Palais vendredi, où plusieurs dizaines de militants écologistes ont été expulsés sans ménagement du salon Solutions COP 21 par la police, l'évacuation de la banque s'est déroulée dans le calme. Au moment où tous reprenaient en chœur «On lâche rien», un homme en a profité pour faire l'inverse sur le tapis de la BNP. Déclenchant la gêne d'un vigile : «Il n'a pas pu se retenir vous croyez?»