La raison l'a emporté, bon sang de bonsoir. Le gouvernement, et son secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert, jusque-là farouchement hostiles à une baisse du taux de TVA (actuellement de 20%) sur les tampons et autres protections périodiques, sont finalement prêts à leur concéder un taux à 5,5%. Comme tout produit de première nécessité. Merci les féministes, et notamment les Georgette Sand, qui, depuis février dernier, militent sans mollir pour qu’enfin on ne se tamponne plus de cette affaire qui se chiffre à quelque 1 500 euros dans la vie d’une femme.
Sauf rebondissement de dernière minute, la partie semble gagnée, après une première grosse déception au début du débat sur le budget. Le 14 octobre, l'Assemblée nationale occupée à examiner le projet de loi de finances 2016, envoie valser l'amendement déposé par la députée (PS) et présidente de la délégation aux droits des femmes à l'Assemblée nationale, Catherine Coutelle (PS). Celui-ci aurait permis l'abaissement du taux de TVA sur les protections périodiques. Le secrétaire d'Etat au Budget s'est opposé à la mesure qui a été aussi repoussée par les députés. S'il provoque au passage un tollé pour avoir fourré dans le même panier la mousse à raser et les tampons, il remporte cette première manche. Certes après ce débat lunaire qui a embrasé les réseaux sociaux, il s'est dit «blessé» d'être vu par les féministes comme un ignorant qui découvre le sujet, lui qui a une femme et trois filles et se charge des courses hebdomadaires. Mais Eckert tient aussi les cordons de la bourse pour l'Etat et refuse un manque à gagner évalué par ses services à 55 millions d'euros.
Deuxième acte dans la nuit du 20 novembre. Les sénateurs (précisément 87 sénatrices pour 261 sénateurs) retroussent leurs manches et n'hésitent pas à voter à main levée un amendement du radical de gauche Jacques Mézard, qui abaisse le taux de TVA sur les tampons mais aussi des «produits de protection hygiénique pour personnes âgées». Tiens, tiens, les petites culottes et serviettes tachées (avec du faux sang) lancées à la face des politiques par les Georgette Sand ont-elles enfin convaincu ?
Le dénouement est proche. Puisque le Sénat et l’Assemblée n’ont pas réussi à se mettre d’accord, jeudi matin en commission mixte paritaire, sur une version commune du projet de loi de finances 2016, le texte sur le budget est retourné à l’Assemblée pour une toute dernière lecture. En commission des finances, les députés ont gardé la disposition du Sénat sur la taxe tampon mais ont retiré les protections contre l'incontinence. Et à Bercy, on assure d'ores et déjà que le gouvernement, prenant acte du choix du Parlement, ne s'opposera pas à cette version du texte qui sera débattue ce vendredi dans l’hémicycle.