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Libération

Bretagne : parti en solo, Le Drian crispe son camp

En refusant toute fusion avec EE-LV, le ministre de la Défense a mis Solférino sur les dents. Dans l’entourage de Manuel Valls, on parle d’«égoïsme pur».
publié le 11 décembre 2015 à 19h46

Jean-Yves Le Drian fait sa loi. Le ministre de la Défense et chef de file du PS en Bretagne, arrivé en tête au premier tour (34,92 %), semble bien parti pour remporter la région. Le lendemain du premier tour, il s’est même payé le luxe de refuser une fusion avec Europe Ecologie-les Verts. Du style «pas besoin des autres». Partout ailleurs, les listes du PS, d’EE-LV et du Front de gauche ont fusionné sans broncher. Sauf en Bretagne.

Vendredi, dans une interview au Point, Jean-Yves Le Drian, réputé «têtu», a expliqué, sans ciller, sa position : «Je n'ai pas attendu le second tour pour former un rassemblement avec de véritables écologistes. L'appareil politique d'Europe Ecologie-les Verts n'est pas propriétaire de l'écologie. Au nom de quoi peut-on m'imposer six élus qui ne portent pas notre projet écologique ?» Puis : «Je n'ai jamais marché au chantage. Ni aujourd'hui ni demain. Il me semble que les Bretons ont choisi en ne donnant que 6 % au candidat EE-LV.»

A gauche, la décision de Jean-Yves Le Drian fait tache. Sa décision agace les socialistes et irrite les écolos, qui parlent de «gifle» et de «manque de respect». «En octobre on organise un référendum pour l'union de la gauche aux régionales et en décembre on laisse tomber un partenaire. C'est petit et pas très futé pour le futur, surtout lorsqu'on est membre du gouvernement», explique, furieux, un dirigeant socialiste. Tout au long de la semaine, les réactions du même genre se sont multipliées.

Dans l'entourage de Manuel Valls, on dénonce un «abus de position dominante, de l'égoïsme pur». Le Premier ministre, qui a suivi toutes les négociations depuis Matignon, a appelé Jean-Yves Le Drian à plusieurs reprises pour tenter de le raisonner. En vain. Selon le Canard enchaîné, le ministre de la Défense a mis sa démission dans la balance si on lui imposait la fusion. «Cela ne m'étonnerait pas du tout, confie un proche du Premier ministre. Il ne fait que ce qu'il veut. C'est insultant d'un point de vue humain et aberrant d'un point de vue politique.»Un autre, avec une pointe d'humour : «C'est un régime d'exception. Le Drian refuse l'union de la gauche et il a le droit au cumul des mandats. Il doit y avoir un microclimat en Bretagne. C'est tant mieux pour lui et tant pis pour nous.»

Au sein de la majorité socialiste, les regards se tournent aussi vers François Hollande, accusé de laxisme. Un proche du Président ne mâche pas ses mots : «Je n'arrive pas à le comprendre. A l'époque, François Mitterrand aurait indiqué le chemin de la sortie à Le Drian sans attendre.»