Front contre Front : c’est finalement le républicain qui l’aura emporté contre le national, ce dimanche, à l’occasion du second tour des élections régionales en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (Paca). Selon les premières estimations, la liste de Christian Estrosi (LR) arriverait largement en tête face à celle de Marion Maréchal-Le Pen avec environ 54,8 % des voix. Une avance confortable, qui était loin d’être acquise : dimanche dernier, le maire de Nice accusait un sérieux retard sur sa rivale, qui le devançait de près de 250 000 voix à l’issue du premier tour, où elle caracolait loin devant avec 40,6 %. Un score alarmant qui avait entraîné, le soir même, le retrait de la liste socialiste menée par Christophe Castaner, pourtant en position de se maintenir.
La gauche n'a pas fait que laisser le champ libre à son adversaire de droite. Toute la semaine, les déclarations en faveur d'un vote Estrosi se sont multipliées, afin de convaincre ses sympathisants de faire barrage au FN. Certains ont même particulièrement mouillé la chemise, comme les représentants du monde culturel, invités jeudi soir à participer au meeting de Christian Estrosi. Le score de LR, dimanche, montre que la stratégie a fonctionné, même si certains électeurs ont partagé leur amertume sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, les images de bulletins customisés se sont multipliées : une Marion Maréchal-Le Pen à moustaches sur l'un, «pas de justice, pas de bras pas de chocolat, rendez-vous en 2017» inscrit sur un autre… Des votes comptabilisés comme nuls, le code électoral interdisant toute inscription.
Autre (bonne) surprise, la participation qui a fait un bond dans la région : à 17 heures, elle était de 54,27 % contre 45,36 % à la même heure la semaine dernière (51,94% au final). Paca se classe même dans le trio de tête des régions où on a le plus voté en France. A Brignoles, où Christian Estrosi avait tenu son meeting d'entre-deux-tours, la participation atteint même 56,87 %, soit près de neuf points supplémentaires par rapport à dimanche dernier. Une mobilisation qui, semble-t-il, n'a pas profité à Marion Maréchal-Le Pen. Dopé par ses scores au premier tour, le clan frontiste a surtout tenté, ces derniers jours, de convaincre sur ses capacités à gouverner, choisissant comme slogan : «Nous sommes prêts.» Il semblerait que les électeurs de Paca, eux, ne l'étaient pas. «Je félicite le candidat de la gauche Christian Estrosi, a ironisé Franck Allisio, ancien du parti Les Républicains, désormais porte-parole de Marion Maréchal-Le Pen. Et j'adresse mes condoléances à mon ancien patron Nicolas Sarkozy : ce soir, la droite est morte. Aujourd'hui, les choses sont claires, il y a une opposition, le Front national, et un UMPS au pouvoir ! Du point de vue politique, ce soir, cela reste une victoire.» La défaite ne doit pas cacher la belle opération réalisée par le Front : il devrait doubler son nombre de sièges dans la future assemblée régionale, passant de 21 élus à une quarantaine sur 123 sièges. La gauche, elle, n'y siégera plus pendant au moins six ans.