«Mon coéquipier de handball m'a appelé le vendredi après-midi. Il avait des billets gratuits pour le match France-Allemagne. "Ça nous changera d'air", il m'a dit. Je suis arrivé un peu en retard au Stade de France. On a mangé des Pitch [marque de brioches au chocolat, ndlr] car ils étaient gratuits et, en plus, c'était des nouveaux Pitch. Ensuite, on a monté les escaliers et Mohamed a raté une marche. Il s'est vautré par terre, on était morts de rire. Le vigile aussi. Du coup, on a fait connaissance avec lui. Puis on a entendu ce gros boum. Mohamed m'a dit : "T'entends les mortiers ? Y a grave de l'ambiance." Je me suis levé pour aller chercher des Pitch et j'ai revu le vigile qui nous a crié : "Courez, suivez-moi !" On s'est regardés et on l'a suivi. Il nous a emmenés dans une loge bizarre avec des gens qui étaient tous en costard. On ne comprenait pas. Le vigile nous a dit de l'attendre, de ne pas bouger. Mohamed et moi, on était heureux, c'était trop étrange de nous retrouver là, même si les gens nous regardaient de travers parce qu'on était moches, jeunes et mal habillés. Mais on les calculait pas, on était en train de manger des chips devant un beau match de foot, au chaud, et tout ça gratuit ! Aucun réseau sur notre téléphone pour prévenir les autres coéquipiers et mes parents de notre aventure dans la loge bizarre.
«A la fin du match, le vigile n'est pas venu nous chercher, donc on est partis. Et là, on voit beaucoup de policiers lourdement armés et cagoulés. C'est à ce moment-là que des gens nous ont dit : "Il y a un attentat." Mohamed et moi, on n'a rien compris. Juste, on pouvait pas descendre et sortir du stade.»