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Les chiffres le disent : tout le monde a gagné

Régionales 2015dossier
publié le 14 décembre 2015 à 16h47

Mais qui est le vainqueur de dimanche soir ? La droite, la gauche ou le FN ? Chacun peut en tout cas trouver des raisons de se satisfaire du résultat du deuxième tour des élections régionales et territoriales.

Les trois raisons pour lesquelles la droite a gagné

Huit régions. C'est factuel : en remportant sept des treize régions métropolitaines, huit des dix-sept régions et territoires concernés par le scrutin de dimanche, le bloc de droite (LR, UDI, Modem) a fait mieux que tous ses adversaires politiques. Dans ces conditions, elle peut être considérée comme le vainqueur de ces élections régionales, même si c'est d'un chouïa.

Ile-de-France. C'est une région symbole, parce qu'elle est la plus peuplée de France (plus d'un Français sur six y habite), qu'elle est celle de la capitale, Paris, et qu'elle était à gauche depuis 1998. La droite a repris dimanche l'Ile-de-France avec Valérie Pécresse, qui a devancé la liste de Claude Bartolone d'environ 60 000 voix. C'est la principale «prise» du camp d'opposition face à la gauche.

Suffrages. En ralliant un peu plus de 10,1 millions de voix et 40,24% des suffrages exprimés, les listes «union de la droite» ont devancé celles de la gauche de quasi 3 millions, et celles du FN de 3,5 millions. La droite peut donc se targuer d'avoir été la plus choisie dimanche, et se féliciter d'un nombre de bulletins supérieur à celui obtenu lors des deux derniers scrutins, les départementales de mars 2015 et les européennes de mai 2014.

Les trois raisons pour lesquelles le FN a gagné

Record. 6 820 147 bulletins de vote Front national ont été dépouillés dimanche soir. Jamais le parti lepéniste n'avait rallié autant de suffrages à une élection, ce qui fait de ce deuxième tour des régionales un succès indéniable pour lui. Déjà au-dessus des 6 millions de voix au premier tour, le FN a réussi à faire mieux que son précédent record, détenu par Marine Le Pen herself, choisie par 6 421 426 personnes au premier tour de l'élection présidentielle de 2012.

Triple. S'il n'est parvenu à remporter aucune région, le Front national va siéger au sein de tous les conseils régionaux de France métropolitaine ces six prochaines années. Pas moins de 358 conseillers régionaux frontistes ont été élus dimanche, ce qui constitue son meilleur score, et de loin : il triple même son chiffre de la période 2010-2015. Une aubaine pour Marine Le Pen qui n'a d'ores et déjà aucun souci à se faire pour obtenir les 500 signatures d'élus nécessaires à sa candidature à la présidentielle de 2017.

Tripartisme. En se maintenant dans toutes les régions métropolitaines au deuxième tour, et en forçant le PS à se désister en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte d'Azur pour empêcher sa victoire, le Front national semble avoir imposé pour de bon le tripartisme en France. C'est la première fois qu'il parvient ainsi à se maintenir partout dans une élection à deux tours : aux départementales, en mars, il n'était parvenu à se qualifier au second tour que dans un canton sur deux.

Les trois raisons pour lesquelles la gauche a gagné

Equilibre. A la tête de quasiment toutes les régions de France ou presque depuis 2004, la gauche va en diriger sept sur dix-sept ces six prochaines années. C'est moins, mais c'est très loin de la bérézina redoutée ces derniers mois, et c'est surtout beaucoup mieux que la droite lorsqu'elle était au pouvoir : en 2004 et 2010, elle n'avait gagné que deux et une région(s). Il s'en est même fallu de 60 000 voix en Ile-de-France ou même de moins de 5 000 en Normandie pour la gauche ne sorte pas de cette élection avec plus de régions à son actif que la droite.

Ecart. A part en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, où Jean-Pierre Masseret, qui s'était maintenu contre l'avis du PS, a fait trois fois moins que le candidat LR Philippe Richert (48,40% contre 15,51%), la droite n'a écrasé la gauche nulle part. L'inverse, en revanche, a eu lieu en divers endroits : en Bretagne (51,41% contre 29,72%), en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (44,81% contre 21,32%) et même en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (44,27% contre 34,06%).

Départements. Alors que le Front national était arrivé en tête dans quasiment un département sur deux au premier tour, c'est la gauche qui a réussi pareille prouesse au second. Les listes PS et alliés ont terminé en tête dans 46 départements, contre seulement huit pour le FN.

Les raisons pour lesquelles tout le monde a perdu

Cacophonie. Quand tout le monde peut se targuer de l'avoir emporté, et que tout le monde revendique la victoire, c'est peut-être tout simplement que personne n'a vraiment gagné…