Le Parlement a entériné, jeudi, par un ultime vote de l'Assemblée nationale, le projet de loi controversé sur la Santé de la ministre Marisol Touraine, qui prévoit, entre autres, l'instauration du paquet de cigarettes neutre en mai 2016, la généralisation du tiers payant en 2017, l'assouplissement de la loi Evin sur la publicité pour les boissons alcoolisées et les bribes d'une organisation territoriale. Non sans un baroud d'honneur de la droite. «Cette réforme devra être totalement remise en cause en cas d'alternance», a affirmé Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR, la droite relayant une nouvelle fois les doléances des buralistes et des médecins libéraux, opposés à ces mesures phares.
A l'appel du Mouvement pour la santé de tous, quelques médecins se sont même rassemblés dans la matinée à proximité de l'hémicycle pour dénoncer une loi «liberticide», allant jusqu'à déposer des chrysanthèmes au sol. Ce jeudi, comme en écho, le conseil national de l'ordre des médecins a rendu publics les résultats d'une vaste consultation auprès de 35 000 praticiens. Des résultats pessimistes : 97 % des médecins libéraux estiment ainsi «subir trop de contraintes réglementaires, économiques et administratives». Et 74 % sont insatisfaits de leurs relations avec l'assurance maladie et les pouvoirs publics, estimant à 93 % que le système de santé actuel est mal piloté. «On est à un moment vraiment délicat. Les médecins sont prêts à la réforme, mais pas à celle-là. Et lorsque je discute avec la ministre, je ne vois aucune ouverture», a alerté Patrick Bouet, le président de l'Ordre des médecins.