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Libération
Edito

Cartons pleins pour «Libé»

Au 11, rue Béranger. (Photo Bruno Charoy)
publié le 18 décembre 2015 à 18h56

Une fête joyeuse et nostalgique… Libération a célébré jeudi soir son passé et son avenir, son histoire et son âme. Après avoir occupé ses locaux pendant presque trente ans, c'est-à-dire la majeure partie de son existence, le journal se transporte rue de Châteaudun pour une nouvelle aventure (lire aussi pages 20 et 21).

Trente ans… Un délicieux instant qui laisse un souvenir brûlant ; un instant que nous n’avons pas vu passer, tout occupés que nous étions à transcrire les vibrations du monde ; trente ans d’attachement à cet immeuble baroque, qui résonne de tant de passions généreuses. Béranger, ce n’est pas seulement une rue ou un siège social. C’est un sentiment. D’abord à cause de sa stature, un navire blanc dont la proue domine Paris, une terrasse en plein ciel, avec sa structure bancale, ses planchers en pente et ses plafonds compliqués, avec ses plateaux inégaux où se sont succédé ceux qui comptent parmi les meilleurs journalistes de Paris. Et puis cette ancienne rampe de parking, baptisée «la vis», lieu des échanges, des rencontres, des fantasmes et des espoirs ; «la vie», à une lettre près. Des locaux toujours contemporains trente ans après, aménagés par Patrick Rubin, qui nous a encore aidés à aménager le siège de la rue de Châteaudun.

Une histoire unique s'est déroulée rue Béranger. Une histoire rêvée et longtemps conduite par Serge July, sans qui le journal n'aurait pas existé et qui a voulu ces locaux et cet aménagement pour donner à Libé un siège digne de son rôle dans la société française. Sur les trente ans de cette existence tendue, incertaine, enthousiasmante, nous ne regrettons pas une seule journée. Une équipe valeureuse s'est battue chaque jour pour une certaine idée du journalisme. Nous nous sommes aimés, nous nous sommes déchirés, nous nous sommes dépassés. Nous avons fait de longues journées, de longues soirées et même de longues nuits. Jamais nous ne nous sommes lassés. Nous avons surmonté toutes les crises parce que les crises se terminaient toujours par la même phrase : «Bon, maintenant, on a un journal à faire.» Et ce journal, certains jours, était le meilleur, le plus intelligent et le plus beau de France. A tous ceux qui ont partagé l'aventure, ceux qui sont là et ceux qui sont partis, il faut dire merci, pour leur constance, leur abnégation et, surtout, pour leur passion du métier, dont ce bâtiment étrange de la rue Béranger restera le symbole.

Un nouveau chapitre va s’écrire dans cette longue histoire. Après la crise de 2014, le journal a entamé son redressement. Sa diffusion et son audience ont été maintenues. Sur son site ou dans sa version papier, il a transcrit avec le même engagement, le même talent, les drames de l’année 2015. Son organisation a été transformée pour réussir sa mutation numérique. L’entreprise s’est spectaculairement rapprochée de l’équilibre financier, de 9 millions de déficit en 2014, à moins de 2 millions cette année. Avec une équipe resserrée, nous avons gardé la même diffusion et le même chiffre d’affaires : c’est une performance rare. Cela nous place en bonne position pour assurer l’avenir, avec un actionnariat solide, une équipe renouvelée qui a encore une fois fait la preuve de sa résilience et de son talent, avec des projets de développements nombreux qui sont en discussion.

Libération reprend l'offensive : c'est la certitude que nous avons acquise cette année. Libération vivra pour défendre ses idées. Libération vivra pour continuer cette aventure journalistique sans pareille. Libération vivra pour raconter la société française et pour maintenir en vie l'idée d'un monde meilleur, l'idée d'un monde plus humain, l'idée d'un monde transformé.