Si l’on se fie à l’arithmétique, il a manqué deux voix, vendredi, à Valérie Pécresse pour être élue présidente de région par la totalité des conseillers régionaux étiquetés LR. Mais peu importe : sur les 121 votants de son camp, 119 ont voté pour elle, et cela était largement suffisant.
L'événement n'était pas là, mais dans la suite. Egrenant ce qu'allait être son programme immédiat, avec un «fonds d'urgence pour la sécurité» dans la droite ligne de sa campagne et l'immanquable audit financier qui accompagne toute alternance, Valérie Pécresse a ajouté à sa to-do list un item inattendu : le Grand Paris. «Permettez-moi de vous dire un mot d'un projet qui doit voir le jour en janvier et qui me paraît être un contresens historique et une aberration administrative et économique: la métropole du Grand Paris. Comment peut-on rajouter une cinquième strate au millefeuille territorial ?» s'est-elle exclamée.
Elue après avoir labouré en tous sens les départements de la grande couronne, Valérie Pécresse a poursuivi : «Comment peut-on mettre à l'écart 5 millions de Franciliens qui seront rejetés hors de cette métropole alors que le centre concentrera toutes les richesses ?» Et de conclure : «Il est encore temps d'abandonner ce projet qui exclut, qui complexifie et qui taxe.» La rengaine sur les «5 millions de Franciliens exclus» du Grand Paris oublie toujours que la grande couronne a aussi été regroupée en grands ensembles territoriaux pour faire pièce à la métropole. Et que le futur Grand Paris Express la desservira à l'ouest et au nord-est, sans compter la rocade qui sera leur porte d'entrée dans la métropole. Restes de campagne.
Le gouvernement va-t-il se montrer obligeant envers la nouvelle présidente en rayant d’un trait de plume les mois de débat de la loi Maptam qui a créé, entre autres métropoles, celle du Grand Paris ? Douteux. Quant à la droite, si elle revenait au pouvoir en 2017, il n’est pas certain qu’elle ait envie de se priver de cet instrument dont le pouvoir pourrait bien être amené à croître.